MEDIA CORSICA
Emmanuel Macron, le cynique opportuniste :
Par Jean-Pierre Castellani
On reste confondus devant l’agitation mémorielle d’Emmanuel Macron et ses initiatives plus électoralistes
que sincères ! Certains disent qu’il est incohérent, je pense au contraire qu’il suit systématiquement une
tactique animée par le souci obsessionnel de sa réélection, son caractère orgueilleux et arrogant, son esprit
de vengeance et une volonté tenace d’humilier.
Les exemples ne manquent pas depuis ce 14 juillet 2017 où il liquida en deux phrases le général de Villiers,
devant un parterre d’officiers, suprême insulte pour ce militaire, le poussant à la démission quelques mois
plus tard.
Ou ce 6 février 2017 où, mettant à profit la commémoration de l’assassinat du préfet Erignac, il utilisa des
formules insultantes pour Gilles Simeoni, ancien avocat d’Yvan Colonna (« ça ne se justifie, ça ne se plaide pas ») sans compter la présence imposée de Jean-Pierre Chevènement, homme politique haï en Corse depuis l’épisode burlesque du préfet Bonnet ! Quand on pense que le même Macron a nommé en 2021 Maître Dupont-Moretti comme garde des Sceaux, alors qu’il fut un des plus ardents avocats de Colonna ! Drôle de logique !
Avec l’Algérie, c’est pire encore. Il est mal conseillé par Benjamin Stora, ce grand historien si clairvoyant qui, au début du mouvement Hirak en Algérie en février 2019, n’y voyait qu’un refus du 5° mandat du Président Abdelaziz Bouteflika, et non une révolte historique ! La suite a montré son erreur d’analyse, qui devrait lui faire perdre toute légitimité en tant qu’historien de l’Algérie. Depuis Macron accumule les erreurs, les gaffes ou les initiatives franco-françaises. A l’évidence ce président n’a rien compris au drame algérien, ni à son histoire, ni à son présent. Voici qu’en octobre 2021 il se rend compte que l’Algérie est dirigée depuis 60 ans par une mafia politico-militaire qui vit de la rente mémorielle de la célébration des héros de la guerre d’Indépendance. Pourquoi ne pas l’avoir dit au président Bouteflika quand il lui rendait visite et le flattait en proclament que la « Colonisation française était un crime contre l’humanité » !
Ce même Macron qui a beaucoup de temps pour prendre conscience du sort injuste que l’Etat français a réservé aux harkis depuis 60 ans. Avec cette célébration mémorielle à géométrie variable, Macron a compromis pour des années les relations entre La France et l’Algérie ! Pour des gens comme moi qui nous rendons travailler en Algérie régulièrement, au niveau de la coopération universitaire, c’est une catastrophe ! Nous allons mettre des années à nous en remettre. Ce président girouette croit se rattraper en déposant une gerbe sur les quais de la Seine où de malheureux algériens ont été assassinés le 17 octobre 1961 par la police française. Et en bon démago malin il rend responsable de ce massacre le préfet Papon qui ne faisait qu’obéir au chef de l’Etat de l’époque, le général De Gaulle. Lequel aurait pu, en admettant qu’il ne le sût pas, condamner ce crime et limoger son préfet zélé ! Mais Macron ménage De Gaulle. Dans la France d’aujourd’hui tout le monde est ou se prétend gaulliste. On perd des voix si on le met en cause ! J’ajoute que ce Président qui se présente comme historien, devrait commémorer aussi la sinistre et sanglante répression de civils européens par l’armée française le 26 mars 1962, à Alger. Plus de 80 morts et des centaines de blessés. Dont on ne parle jamais.
Certes, les motivations n’étaient pas les mêmes, entre les manifestants algériens à Paris et les européens à Alger. Le contexte était différent mais, dans les deux cas, il s’agit d’un massacre de civils désarmés par les forces de l’ordre. Si l’Etat français commémore les uns, il faut en faire de même avec les autres. Mais on voit mal le président Macron déposer une gerbe devant la Grande Poste d’Alger, les mâchoires serrées et la mise grave, comme il sait si bien le faire !
J’avoue qu’on en a assez de ces initiatives insincères. Ce président est un cynique qui croit régler les problèmes par des coups de communication. Certes, tous les présidents de la V° République l’ont été à un moment ou à un autre, François Mitterrand en particulier, véritable Machiavel de la politique ! Mais lui bat tous les records de dissimulation.
Pour terminer sur l’actualité corse, exprimons notre inquiétude et notre scepticisme face aux initiatives récentes de Macron sur la Corse. Selon les gazettes, il aurait tendu la main récemment au président de l’exécutif, Gilles Simeoni, au cours d’une entrevue secrète. Il l’aurait écouté ! Attention, danger ! Je n’ai pas de conseil à donner à Gilles Simeoni mais à sa place je me méfierais des manœuvres de cet homme qui joue son jeu sans se soucier le moins du monde l’avenir de la Corse ! L’homme se croit habile, certain de convaincre les autres par son intelligence et sa rhétorique, mais à notre avis, il est surtout cynique et pervers, malin au plus mauvais sens du mot ! Il est capable de nous sortir de son chapeau encore des mesures style Etats Généraux, Commissions, Referendum etc…
Donc méfiance, restons vigilants et unis, si on veut éviter de nouvelles désillusions !
La Corse est à la croisée des chemins.
La « strada » empruntée depuis la victoire des nationalistes est certes « tamanta » mais elle doit se poursuivre et non pas se perdre dans les méandres des manœuvres macroniennes.