top of page
image002.jpg

« Place, rôle et stratégie de la Corse en Méditerranée entre Europe et Afrique»

                      « Une vision du développement de la Corse »

                               1 – L’engagement de l’Association « euro-méditerranea »

                               L’Association « euro-mediterranea » est née en février 1994. Elle a son siège à Cargèse (Corse-du-Sud). Sa naissance                                           tient à quelques observations faites en commun avec quelques amis corses (Universitaires, professions libérales, professions                                 libérales, fonctionnaires, etc.).

                               Et d’abord le constat fait d’une Corse, pauvre et délaissée, qui avait progressivement tourné le dos à la Méditerranée pour                                     regarder vers ces riches régions de la rive Nord qui pourraient lui apporter un peu d’espoir et de bien-être et cela                                                     pratiquement depuis la fin de l’empire colonial français. 
                               En réalité, la Corse n’était pas une région pauvre au sens de « sans ressources », mais une région appauvrie et délaissée                                       atouts considérables et en premier lieu ceux d’un patrimoine naturel d’une beauté exceptionnelle presque entièrement aux conservé et aux ressources quasi inépuisables (eau, soleil, mer) ainsi que d’une position centrale au cœur du Bassin méditerranéen occidental à mi-chemin, avec la Sardaigne proche, des rives nord et sud de la Méditerranée.

Dès lors l’objectif premier de l’Association « euro-méditerranéa », certes ambitieux, était fixé : Œuvrer pour redonner à la Corse une place géopolitique centrale en Méditerranée et par là même tenter de rapprocher les rives Nord et Sud en se référant, évidemment, à l’histoire et à la géographie de l’île,  mais en s’appuyant d’abord sur cette position géostratégique exceptionnelle de l’ensemble Corse-Sardaigne constituant potentiellement tout à la fois une « charnière », « un trait d’union », et un « pont » entre les rives Nord et Sud c’est-à-dire, finalement, entre l’Europe et l’Afrique, ce continent considéré aujourd’hui, (juste retour des choses !) comme l’avenir du monde au XXIème siècle, Elle comptera  en 2050 deux fois plus d’habitants que la Chine d’aujourd’hui avec des réserves de croissance considérables.

Les conclusions de ces observations et de nos premières réflexions constituèrent en quelque sorte notre thèse de départ qui pouvait se résumer ainsi : Corse et Sardaigne sont situées au cœur de la géopolitique de grandes puissances présentes en Méditerranée occidentale. Leur situation les place au centre d’enjeux géostratégiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux majeurs pour les décennies qui viennent. Pour peu que l’on en prenne la mesure et que l’on s’attache, à partir d’une vision globale, à bâtir une stratégie cohérente, elles peuvent être en mesure de jouer un rôle éminent dans cette région considérée comme un espace déterminant pour l’avenir de l’Europe et la réorganisation du monde.

Il serait bien trop long, ici, de conter plus de 20 ans d’engagement pour promouvoir la place et le rôle de la Corse en Méditerranée.. Soulignons seulement qu’il fut émaillé d’abord d’une invitation à participer à Barcelone en novembre 1995 au Premier Forum Civil Euromed regroupant les représentants des sociétés civiles (Fondations, associations, Universités, Syndicats, etc…) des pays européens et méditerranéens invités et regroupées dans onze ateliers de travail. 
Ce Forum suivait la Première Conférence internationale euro-méditerranéenne tenue deux jours avant à Barcelone réunissant les ministres des Affaires étrangères de 15 pays de l’Union Européenne et de 12 pays tiers méditerranéens. Objectif de la Conférence : Lancer les bases d’un Partenariat euro-méditerranéen comprenant Trois volets : Politique et de Sécurité, Economique et financier puis Social, Culturel, Humain. 
Nous fûmes ainsi gracieusement invités à présenter une Etude préliminaire que nous avions élaborée et relative à la création d’un axe Nord-Sud de transport combiné multimodal (maritime et ferro-routier) reliant les deux rives de la Méditerranée et traversant la Corse et la Sardaigne pour aboutir en Tunisie (Voir la planche correspondante en annexes)
Dans les conclusions du Forum et du Programme qui a suivi concernant les opérations à mettre en œuvre, ce projet fût jugé prioritaire à développer à financer et à mettre en oeuvre.

Mais, au final, ni l’Europe, ni la France ni l’Italie, ni la Corse, ni la Sardaigne n’ont suivi ces recommandations du Forum comme ce fut d’ailleurs le cas pour bien d’autres projets préconisés lors de la Conférence de Barcelone en 1995 et qui s’avère aujourd’hui comme un demi-échec.
Seul le Ministère des Transports tunisien, par la voix de Mr. Salem MILADI, Directeur Général des Etudes et de la Planification devenu ensuite ministre, a considéré ce projet d’axe Nord-Sud de transport comme primordial pour la Tunisie. Il permettait à la fois de réduire les temps de transport et de favoriser une plus grande intégration de la région ce qui s’avère aujourd’hui d’une grande urgence  face aux désordres économiques, sociaux et de sécurité de grande ampleur qui affectent ces territoires. Sa proposition de constituer rapidement un Comité d’étude multilatéral (U.E., France, Italie, Tunisie) ne fut malheureusement jamais prise en compte par l’Union européenne. (Voir, en annexe, les lettres reçues du Ministère des Transports tunisien). Un renoncement de plus de l’Europe !

Et nous verrons plus loin que ce projet reste d’une grande actualité.

L’engagement de l’Association « euro-méditerranea », dans les années qui suivirent, fut émaillé de conférences, d’interventions et de participations à de nombreux séminaires, forums, colloques à travers la Méditerranée, d’interview et d’articles de presse mais également d’organisation en Corse d’évènements comme les Universités euro-méditerranéennes ou les Foires des Arts et Traditions populaires de Méditerranée qui se sont déroulées à Cargèse et Bonifacio, autant d’évènements salués unanimement par la presse corse, continentale et méditerranéenne.  

C’est ainsi que lors d’une Université euro-méditerranéenne organisée à Bonifacio en mai 2007 fut formulé une proposition, toujours d’actualité aujourd’hui, consistant en la création d’une euro-région Corse-Sardaigne (Voir carte jointe en annexes) à étendre à la Toscane et à la Ligurie. Elle serait destinée notamment à défendre ensemble à Bruxelles des projets communs comme la mise en place d’une continuité territoriale européenne entre les deux îles proposée lors de cette Université ou promouvoir des projet de coopération transfrontalière en direction des pays de la rive Sud dans le cadre de la nouvelle Politique Européenne de Voisinage (PEV) de l’Union Européenne.

Malheureusement, face à cet engagement et à ces propositions il nous a fallu affronter, durant des années, le silence, l’aveuglement, l’ignorance et la passivité des responsables politiques que nous avions en face et qui se sont succédés jusqu’aux dernières élections territoriales de décembre 2015. A deux exceptions près cependant et notamment celle d’un ancien Président de Conseil exécutif qui tenta à travers un Groupement associant les îles de la Méditerranée occidentales (IMEDOC) d’attirer l’attention de Bruxelles sur les handicaps de l’insularité. Mais ce fût un échec dont on ne tira pas suffisamment, à nos yeux, les enseignements. 

En effet, la Corse est considérée comme une région métropolitaine à l’identique des autres. Et les principes d’égalité face à la loi et à l’impôt ne permettent pas d’intégrer la principale spécificité qui est l’insularité. Elle est donc plus que jamais justifiée, aujourd’hui, la revendication de la reconnaissance de la Corse, à inscrire dans la constitution française, comme territoire spécifique de la République réaffirmant son caractère insulaire hors du cadre commun. 
Comme l’a souligné récemment, devant le Comité Européen des Régions, la Conseillère exécutive en charge des questions européennes à la Collectivité de Corse, le constat est clair : Les citoyens et entrepreneurs corses ne sont pas sur le même pied d'égalité que les autres citoyens et entrepreneurs européens. En cause : tous les handicaps et les surcoûts liés à l’insularité. Et pourtant, il faut rappeler l’existence de l’article 174 du traité de fonctionnement de l’UE, qui reconnaît le handicap structurel et permanent notamment des régions insulaires. Mais cet article n’est pas appliqué ! La commission européenne considère qu’il y a trop de divergences, d’hétérogénéité parmi les 362 îles européennes et qu’il n’y a pas deux îles identiques. C’est vrai. Mais pourquoi il n’y aurait-il pas une politique commune pour les îles comme il y a une politique générale pour les villes ou pour les agriculteurs alors qu’ils partagent tous les mêmes difficultés ? 

La revendication doit donc être poursuivie et accentuée à Bruxelles. Le rapprochement récent entre la Corse et la Sardaigne mais aussi les îles Baléares constitue le moyen de lui donner davantage de poids et de légitimité (1).

Pour autant, même si elle apparaît amplement justifiée et s’exprime, de plus, en commun avec d’autres territoires insulaires, cette revendication ne constitue pas, en elle-même, une véritable stratégie destinée à donner à notre île un rôle central en Méditerranée. 
On ne peut en effet fonder une stratégie euro-méditerranéenne pour la Corse si l’on se limite à des relations entre territoires européens de la rive Nord de la  Méditerranée.

Il nous faut voir plus large, plus loin, et bien au delà de la seule problématique de l’insularité pour prendre en compte la problématique de la Méditerranée, au moins occidentale, dans son ensemble.

C’est pourquoi, nous nous réjouissons que la nouvelle équipe élue en décembre 2015 à la tête de la C.T.C. ait considéré, par la voix du Président de l’Exécutif, que l’un des axes stratégiques de la politique qu’elle entend mener est le développement d’une authentique politique euro-méditerranéenne pour la Corse, c’est-à-dire la construction de partenariats stratégiques avec nos voisins et en premier lieu avec le plus proche : La Sardaigne. 

Mais au-delà, et comme l’a montré, entre autres évènements, la Conférence euro-méditerranéenne de Barcelone en novembre 1995, cette nouvelle politique euro-méditerranéenne annoncée pour notre île doit s’insérer dans la problématique méditerranéenne globale et donc intéresser en même temps Corse, Sardaigne et les deux rives de la Méditerranée, c’est-à-dire tout aussi bien les deux îles que les pays de la rive Nord et ceux de la rive Sud - Maghreb notamment.

Ici, il nous faut rendre hommage à ce Président du Conseil Exécutif de la Corse, le même qui avait créé le Groupement IMEDOC et qui eu l’occasion, après délibération de l’Assemblée de Corse, d’exercer son esprit visionnaire en décidant de développer, dans le cadre de la Coopération décentralisée, des liens entre la Corse et les pays de la rive Sud : Maroc et Tunisie (Voir en Annexe la Lettre en date du 17 Décembre 2001 adressée en direct à Paul Casalonga notre  regretté Vice-Président de l’Association « euroméditerranéa »). Dans ce cadre fût ainsi développée une coopération entre la Corse et la région de Marrakech d’une part et entre la Corse et l’île de Djerba (Tunisie) d’autre part. 

C’est cette ouverture vers le Sud qu’il nous faut retrouver et qui nous amène à poser la question plus générale suivante : Partie 2

                                                                                               /Retour au sommaire/

bottom of page