MEDIA CORSICA
Pierre-Paul Battesti
Vit à Calcatoggio
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Né en 1957 au Canada à Montréal
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ITV de PUDEMU
Pudemu est une start-up en politique qui a été créé le 18 novembre 2015, soit 260 ans jour pour jour après l'adoption de la Constitution de 1755 établissant en Corse les bases de la première démocratie libérale à l’issue du processus d'indépendance de l'île.
Dans la continuité de cette trajectoire libérale-démocrate initiée par Paoli au XVIIIe siècle, il s'est agi de constituer une convergence de bonnes volontés sur la base d'un projet réaliste et ambitieux de changement par la démocratie participative, d'autonomie par le régionalisme fédéraliste et de développement par l'économie collaborative. A titre de comparaison, notre positionnement s'inspire du Partit Demòcrata qui est majoritaire au sein de la coalition indépendantiste catalane du Junts Pel Sì. Autrement dit, PUDEMU n’est pas un mouvement nationaliste en tant que tel ; c’est un mouvement ouvert à tous les degrés de régionalisme, de l’autonomisme à l’indépendantisme, dont acte, mais libéral, entre la gauche socia-liste et la droite conservatrice. Résolument engagé en faveur delà construction européenne, c’est donc un mouvement centriste,issu de la société civile, à l’initiative d’étudiants, de militants associatifs et d’entrepreneurs de toutes générations confondues dont c’est pour beaucoup le premier engagement en politique.
Comment s’est constitué votre groupe PUDEMU ?
PUDEMU a été créé il y a déjà plus d’un an, le 18 novembre 2015, soit 260 ans jour pour jour après l'adoption de la Constitution de 1755 qui a institué en Corse la première démocratie libérale digne de ce nom à l’issue du processus d'indépendance de l’île. PUDEMU s'inscrit dans une tradition libérale-démocrate méconnue de l'héritage paoliste. C'est donc un mouvement issu de la société civile à l'initiative de gens qui sont déjà concrètement impliqués dans le processus d'émancipation de la Corse : des étudiants, des militants associatifs ou encore des entrepreneurs de toutes générations confondues dont c'est pour beaucoup le premier engagement en politique et qui veulent mettre en leur énergie en commun pour construire dès aujourd'hui la Corse de demain. Nous incarnons une nouvelle génération politique qui a fait sécession avec les réflexes partisans et les appareils parisiens.
Quels sont vos objectifs en Corse ?
Notre objectif c'est de faire reculer ce nationalisme identitaire qui s'est constitué en réaction au progressisme de l'actuelle majorité territoriale. Dans cette perspective, nous souhaitons contribuer à ce qu'une garantie libérale émerge au sein du mouvement national d'émancipation de la Corse. Cela doit consister à assurer l'émancipation des corses eux-mêmes par l'affirmation de leurs libertés individuelles, par la reconnaissance de leurs droits économiques, sociaux et environnementaux et par la réappropriation de leurs devoirs citoyens. La priorité à nos yeux c'est d'inscrire l'émancipation de la Corse dans un agenda d'échéances et de réformes préalablement définies avec à la clé un statut d'autonomie transitoire qui supposerait la tenue d'un référendum d'autodétermination. Pour nous il ne s'agit pas de décréter du jour au lendemain l'indépendance de la Corse mais bien de couper, un par un, les liens de dépendance qui depuis trop longtemps assujettissent la Corse au pouvoir central de l'Etat. Dans nos propositions, cela se traduit par l'élaboration d'un plan de modernisation de notre administration et de rationalisation de nos finances publiques, par la valorisation d'un tourisme culturel et événementiel durable et créateur d'emplois stables toute l'année ou encore par la construction d’infrastructures financières, technologiques et agricoles d'économie collaborative.
Quelles actions entendez-vous mener et comment ?
Il y a un mois à l'issue d'une réunion constitutive qui s'est tenue à Corte nous avons achever la transformation de ce qui était au départ un simple cercle de réflexion en véritable mouvement politique. L'idée c'était de mettre nos idées en mouvement au sens propre du terme. PUDEMU continuera de fonctionner comme un think-tank, c’est-à-dire sur le mode de l’assemblée générale permanente, ouverte et inclusive si bien que chacun de celles et ceux qui en sont membres pourront à tout moment faire part de leur expertise dans un domaine, proposer une idée ou commenter celles des autres. Mais désormais PUDEMU est un mouvement politique à part entière en capacité de se présenter à des élections et de conclure des partenariats. Nous venons de conduire la mise en place de Ghjuventù in Muvimentu, le mouvement des 15-25 ans qui sera rattaché à PUDEMU pour offrir à nos plus jeunes militants une structure au sein de laquelle ils auront la possibilité de mener des actions, d'organiser des évènements ou de se mobiliser. En ce moment nous sommes également en train de structurer notre mouvement en comités locaux de façon à décentraliser notre action militante dans toute la Corse. Ces comités locaux fonctionneront comme de véritables territoires de projet, c'est à dire que ce sera l'échelle à laquelle nous appliquerons concrètement ce que nous revendiquons politiquement. Enfin, nous prévoyons de tenir notre première université d'été dans le courant du mois d'août avec un certain nombre de nos partenaires et d'intervenants qui débattront autour du thème de l'émancipation des corses en libertés, en droits et en devoirs.
Quel est votre sentiment suite à l’élection législative en Corse ? Vous étiez vous-même suppléant d'Henri Malosse dans la seconde circonscription de Haute-Corse, quelle est votre analyse ?
Déjà vous me donner l'occasion de remercier Henri Malosse d'avoir eut la qualité de joindre ses actes à ses engagements en choisissant un jeune de 22 ans comme suppléant. Sur le résultat, il va de soit que nous nous serions satisfait d'un meilleur score... Mais pour autant, 1,2% c'est quand même plus que ce que représentent nos députés nationalistes à l'échelle de l'électorat national et nulle ne doute, en tout cas pas dans notre mouvement, qu'ils arriveront à faire entendre leur voix et à être efficace dans leur travail parlementaire. Et puis nous étions soutenu par Jean Lassalle qui a fait exactement le même score que nous à la présidentielle ; c'est un signe ! Plus sérieusement, s'il y a une défaite dont il faut tirer les leçons c'est celle contre l'abstention massive. Le véritable enjeu des échéances électorales à venir c'est de redonner son pouvoir de changer les choses au bulletin de vote. Enfin, s'agissant de la victoire des nationalistes dans trois circonscriptions sur quatre, je crois qu'il faut s'en réjouir sans pour autant continuer de faire croire aux corses que cela permettra d'inscrire nos préoccupations régionalistes à l'agenda des priorités du gouvernement. C'est à nous d'avoir sur place les moyens de répondre avec à propos aux exigences économiques, sociales et environnementales des corses.
Comment voyez-vous l’avenir de la Corse ?
Nous devons sortir la Corse de l'ornière et par la même occasion sortir les corses de cette spirale pessimiste dans laquelle ils se trouvent. Aujourd'hui chez nous un jeune sur quatre est au chômage, un autre est obligé de quitter l'île pour trouver un travail. Ça signifie qu'un jeune sur deux ne trouve pas sa place dans notre pays. PUDEMU c'est le rejet de ce fatalisme ambiant et de l'idée reçue selon laquelle on ne peut rien changer à tout ça. La Corse n'est pas destinée à rester une montagne enclavée dans la mer, son émancipation doit être une chance pour tous d'y trouver sa place. Parce que contrairement à ce que certains voudraient nous faire croire, le problème de la Corse ce n'est pas celui maîtrisable - par le statut de résident ou par la corsisation des emplois - de l'immigration mais bien celui de l'émigration, de la fuite des cerveaux et de notre capital humain vers des territoires plus attractifs que le notre. Il y a une génération qui se dit que la réussite est ailleurs parce qu’on ne peut rien faire en Corse alors qu’il y a tout à faire ! Les prochains responsables politiques de la Corse devront pouvoir dire qu'ils ont tout fait pour que chaque corse puisse étudier en Corse, y trouver un emploi et, le cas échéant, y créer son propre travail.
Préparez-vous une liste ou soutenez-vous une future liste pour les élections territoriales ?
A ce stade nous n'excluons aucune possibilité. Le moment venu, nous soumettrons toutes les opportunités qui s'offrent à nous au vote de nos militants, notamment celle de présenter une liste aux élections territoriales. Pour information, nous avons déjà reçu trois propositions de partenariat. Notre force c'est d’avoir su réunir au sein de PUDEMU des régionalistes venus de tous les horizons politiques, dans une convergence de bonnes volontés qui va de la gauche réformiste à la droite humaniste. Ce qui nous importe c'est que, en décembre, la recomposition qui a est à l'œuvre dans les mentalités depuis plusieurs années se traduise enfin dans l'offre politique. Désormais, le clivage n'est plus entre la gauche, la droite et les nationalistes mais plutôt entre celles et ceux qui, par opportunisme sans doute, se revendiquent régionalistes au moment des élections et ceux qui, comme nous, sont résolument engagés en faveur de l'émancipation de la Corse et de l'autodétermination du peuple corse. Mais pour que cette recomposition ait définitivement lieu, il faut éviter que les appels des nationalistes à élargir le mouvement national se limitent à des effets d'annonce.
Qu’avez-vous envie de dire à nos lecteurs ?
Que l'émancipation de la Corse ne se décrète pas mais qu'elle se construit pas à pas. On ne peut donc plus se contenter d'élus qui se comportent en simples gestionnaires de la région corse. Nous avons toutes les ressources pour que la Corse devienne un exemple du succès de la régionalisation plutôt qu'une exception dans le modèle jacobin de l'organisation territoriale française. Il ne tient qu'à chacun d'entre nous d'y contribuer. Construire la Corse de demain ça commence aujourd'hui !