top of page
Sylvain Fusco

La causerie du samedi 16 avril 2016 a manqué des oeuvres de Fusco dans toute leur fraîcheur telles qu’elles figurent dans la collection de l’art brut à Lausanne.                                 ==========>

Il apparait bien qu’il s’agit d’auto portraits et que ceux-ci revêtent une apparence féminine. Ce qui constitue un argument pour faire appel à la notion de « pousse à la femme » dans la psychose. D’où vient cette notion? Freud se penche en 1911 sur les Mémoires du Président Schreber. Le fait marquant du cas est qu’après avoir été interné pendant plusieurs années et passablement fou, il reprend ses esprits dès lors qu’il accepte un « devenir la femme de Dieu » Freud écrit : « Monsieur le Président du Sénat reçut aux environs de la cinquantième année de sa vie, la ferme conviction que Dieu - lequel porte du reste des traits manifestes de son père, le respectable médecin que fut le Dr. Schreber - avait pris la résolution de l'émasculer, de l'utiliser comme femme et de faire naître de lui des humains d'esprit schrébérien. [...] C'est la rébellion contre cette injustice divine, qui lui apparaissait hautement injuste et "contraire à l'ordre du monde", qui le rendit malade [...]. Le président du Sénat Schreber trouva la guérison lorsqu'il se résolut à abandonner sa résistance vis-à-vis de la castration et à se plier au rôle féminin que Dieu lui avait réservé . » Ce qui signifie que le délire opère un soulagement pour ne pas dire une guérison. Ceci avait déjà été vu par l’aliénisme français : Falret , Lasègue, Foville et Magnan, qui s’attachaient à observer et décrire le « délire chronique à évolution systématisé », où l’on s’aperçoit d’un effet d’apaisement une fois que le discours délirant trouve une certaine articulation. C’est dire la sottise qu’il y a à vouloir à toute force réduire chimiquement le délire lorsqu’il n’entraine pas de dangerosité, Le pousse-à-la-femme, est une expression d'Antonin Artaud recueillie par Lacan en 1973. Il s'agit en règle générale d'un délire de transformation en un autre, La femme, par un autre, et pour un autre. Lacan s’interroge en 1956 si l’on n’est pas devant: "un mécanisme proprement psychotique qui serait imaginaire et qui irait de la première entrevision d'une identification et d'une capture dans l'image féminine, jusqu'à l'épanouissement d'un système du monde où le sujet est complètement absorbé dans son imagination d'identification féminine".

Jean-Pierre Rumen

bottom of page