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ÉDITO : À Sainte-Soline,
le productivisme se radicalise 

Par Mickaël Correia

 

 

Mercredi 29 Mars 2023

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Quatre jours après les affrontements entre manifestant·es et forces de l’ordre samedi 25 mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), les nuages de lacrymogène se sont dissipés pour laisser place à une réalité crue.
Côté participant·es, plus de deux cents personnes blessées – dont beaucoup gravement et deux hommes dans le coma. Quarante-cinq chez les gendarmes. Et depuis, les preuves que les secours ont été bloqués par les forces de l’ordre s’accumulent.
L’État a défendu à coups de grenades l’agro-industrie, plutôt que de prévoir une gestion équitable et collective de l'eau face au chaos climatique qui s’aggrave.
Sur les mégabassines comme sur les retraites, Emmanuel Macron préfère perpétuer un productivisme à bout de souffle pour les intérêts de quelques-un·es. En prolongeant l’âge de départ à la retraite à 64 ans comme en multipliant les retenues d’eau industrielles, le gouvernement verrouille notre avenir dans une logique de croissance. Un mode de vie insoutenable où il faut travailler plus pour cotiser plus, et où il faut produire plus pour consommer plus.
Après avoir manifesté à Sainte-Soline, le militant suédois et géographe Andreas Malm a accordé un entretien à Mediapart. Selon lui, le combat contre les mégabassines est « une lutte avant-gardiste » car « les mobilisations de ce type vont de plus en plus se déployer à l’avenir. C’est une lutte d’un nouveau genre car elle concerne la stratégie d’adaptation au changement climatique – et nous sommes ici devant un exemple criant de maladaptation ».
Sainte-Soline préfigure les conflits à venir autour de l’eau, lesquels seront inévitables, crise climatique oblige. Cette mobilisation rappelle que le rôle de l’État est de prendre des décisions dans le sens de l’intérêt général et non particulier, face aux nouvelles inégalités qui apparaissent dans un monde qui se réchauffe toujours plus vite.
Qu’on se rassure.  Clément Beaune, ministre des transports – le secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre en France – a annoncé avant-hier en fanfare des mesures de sobriété choc pour répondre au changement climatique. Désormais, les publicités lumineuses s’éteindront chaque soir dès que les gares, les métros ou les aéroports seront fermés.

Les tenants du productivisme tremblent déjà.

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