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Quand Napoléon se rêvait en nouveau Mahomet, fondateur d’une"République islamique" en Egypte
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A l’occasion du bicentenaire de sa mort, l’historien franco-américain John Tolan raconte comment le général, qui fut surnommé « Ali Bonaparte », débarqua près d’Alexandrie avec l’objectif de créer une sorte de République islamique.

Par John Tolan(Universitaire).


Célébration de la fête du Prophète Mahomet, le 23 août 1798. Gravure par Charles Etienne Pierre Motte. BRIDGEMAN

Tribune. C’est le Mawlid-al-Nabi, la fête d’anniversaire du Prophète, le 12 Rabia al-Awal 1213 selon le calendrier de l’hégire, le 23 août 1798 pour l’armée française et son général Bonaparte. La fête fut établie au Caire par les Fatimides huit siècles plus tôt, mais les chefs musulmans du Caire occupé ne sont pas d’humeur à ­festoyer. Napoléon juge l’occasion bonne de soigner ses relations avec le peuple égyptien et insiste pour financer les réjouissances.

La mosquée Al-Azhar est allumée par mille lampes, Napoléon s’y rend en compagnie des oulémas, s’assoit au milieu d’eux lorsqu’ils chantonnent des versets coraniques en l’honneur du Prophète. Dehors, les pirouettes de derviches soufis à moitié nus côtoient le défilé des soldats français en tenue d’apparat et les chants des musulmans se mêlent aux airs martiaux de la fanfare. Comme le fait ironiquement remarquer un officier : « L’artillerie française salua Mahomet. » Napoléon, le « grand sultan », préside les festivités et se déclare le protecteur de toutes les religions. On lui décerne le nom d’« Ali Bonaparte ».

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 Napoléon Bonaparte était, à en croire Victor Hugo, « un Mahomet d’Occident » lorsqu’il apparait sur les bords du Nil. Goethe, aussi, avait exprimé son admiration pour Napoléon en l’appelant « der Mahomet der Welt ». Bonaparte lui-même se flattait de cette comparaison, voyant dans le prophète de l’islam une sorte de modèle : général brillant, orateur sans paire, législateur, en somme « grand homme » qui savait remuer les masses. Si tout cela est connu, un aspect de cette historie l’est moins : Napoléon comme lecteur du Coran. De fait, dans le bateau qui l’amenait en Egypte, Napoléon amenait avec lui le Coran, dans la traduction que fit Claude Savary en 1783. Nous essayerons de voir comment Napoléon a pu lire ce Coran, et surtout la préface dans laquelle Savary dresse un portrait de Mahomet comme un « un de ces hommes extraordinaires qui, nés avec des talents supérieurs, paraissent de loin en loin sur la scène du monde pour en changer la face et pour enchaîner les mortels à leur char »

John Tolan, Professeur d’histoire médiévale à l'Université de Nantes. Formé à Yale (BA en lettres classiques), à Chicago (Master & PhD en histoire), puis à l’EHESS (HDR), membre de l’Academia Europæa et responsable du programme européen « The European Qur’an » (euqu.eu). Historien du monde méditerranéen médiéval.

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Nous remercions le professeur Sadek SELLAM de nous avoir honoré de sa correspondance 

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