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Le renouveau juif en Corse...

Regards n° 878 (1018) Laurent-David Samam

C’est une histoire aussi longue que méconnue remontant à l’an 800. Fuyant les persécutions, un contingent de Juifs moyen-orientaux erre en Méditerranée, avant de trouver finalement refuge en Corse. Parlant et écrivant l’hébreu, cet ersatz de tribu égaré se dirige en premier lieu vers la région dite de l’Alta Rocca, près de la ville de Sartène.

Elle y achèvera finalement son parcours, dans un petit village curieusement appelé Levie (prononcez « Lévi »), 728 habitants au dernier recensement. « Entre l’an 800 et le 18e siècle », explique un article publié récemment dans Corse Matin, « c’est par dizaines de milliers que les Juifs auraient trouvé refuge dans l’intérieur des terres, fuyant les persécutions dont ils ont été victimes aux quatre coins de la Méditerranée ». Au fil des siècles, au gré des irruptions de violences et autres pogroms, des milliers de coreligionnaires suivront les primo-arrivants de Levie.

Issus de la Naples voisine ou du ghetto de Padoue, l’arrivée de ces néo-Corses fut d’autant mieux admise et même encouragée qu’elle fut perçue comme un moyen de redynamiser la vie locale. Difficile, néanmoins, d’évaluer avec précision l’empreinte juive sur l’île de Beauté. Alors même que des patronymes corses très courants (Padovani, Giacobbi, Simeoni) semblent tout droit tirés du répertoire israélite, les historiens bataillent toujours sur la question de l’origine chrétienne ou juive de ces noms de famille. Une question complexe et relativement neuve au regard de la longue histoire juive de l’île. L’historien Antoine-Marie Graziani date ce regain d’intérêt « à une trentaine d’années tout au plus ».

C’est à la faveur d’un message posté sur les réseaux sociaux que cette histoire complexe a resurgi.

Le 16 janvier dernier, Antoine Albertini, rédacteur en chef à Corse Matin, évoque sur Twitter les violences antisémites en Seine-Saint-Denis, un cauchemar récurrent qui pousse un nombre croissant de familles juives à quitter le département. Il écrit : « RAPPEL. Amis juifs, vous quittez l’Ile-de-France ? Venez dans l’île de Corse : tout le monde vous foutra la paix (cf. Seconde Guerre mondiale) ».

Sur la toile, des dizaines d’exhortations semblables existent. Toutes s’enorgueillissent du noble passé résistant de l’île. Sous le régime de Vichy, tandis que toute l’administration métropolitaine collabora, les autorités locales corses refusèrent de livrer leurs Juifs. Grâce à de faux rapports départementaux et préfectoraux remis aux nazis, des milliers d’israélites furent ainsi sauvés d’une mort certaine. Un passé que la population autochtone se réapproprie désormais avec force, alors que l’antisémitisme resurgit sur le territoire national.

Autre signe, et pas des moindres : l’arrivée d’un jeune rabbin, Levi Pinson, sur l’île. Ce dernier explique : « La Corse n’avait plus de rabbin jusqu’à mon arrivée fin 2016.

J’officie à Ajaccio et quand il y a besoin, je vais aussi dans d’autres villes pour des événements ou des cérémonies. C’est important pour les prières rituelles, les enterrements ou des cérémonies plus joyeuses. Le fait qu’il y ait un rabbin dépanne pas mal de personnes ». Le début d’un renouveau ? 

Les Corses, peuple perdu pour certains en Méditerranée, incompris des nationaux français, qui souhaitent rejeter les demandes légitimes d'une autonomie législative, faite pour ouvrir la compréhension de cette différence notable entre ces deux peuples, peut-être... mais aussi et surtout pour exister dans une région menacée.

Pouvons-nous espérer une existence pacifique au regard de ce qui se passe dans le monde, aujourd'hui ? 

Cela semble très difficile. 

Les Corses se méfient des discours si souvent entendus par des majorités différentes, qu'elles soient dans l'opposition ou au pouvoir.

Ces discours changent mais le sens n'évolue pas.

La Corse est française et le restera, car la France n'est pas un pays fédéral, elle ne croit pas en la valeur et l'existence de ses régions, à leur richesse. Le jacobinisme parisien est partout présent, il se distille même en province, en cela via les Préfectures, les DRACS, les RECTORATS, les centres des impôts, etc.

Les régions subissent, courbent, face à cet état dans l'état qu'est la fonction publique. Les velléités d'autonomie sont réprimées sournoisement, hypocritement et le pays s'enfonce doucement dans la gabegie dénoncée par De Gaulle...

Certes, ce n'est pas le joug médiéval, mais la France est à plusieurs vitesses et cela va à l'encontre de ses principes républicains.

Alors, quoi faire, quoi dire ?

Laissez faire et dérouler le temps sans amener des changements salvateurs ? Non, certains appelleront cela modernité, nos appelons cela intelligence et clarté... 

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