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Cinq mots à connaître absolument pour élever votre conversation

Par Aliénor Vinçotte

Ces termes permettent de rendre votre discours plus précis, plus émouvant ou encore plus cultivé. Avec ces termes rares, vous pourrez donner plus de force à votre discours et impressionner votre interlocuteur.

Comment rendre une conversation intéressante ? En apprenant des nouveaux mots de vocabulaire, pardi ! Il suffit d’en connaître quelques-uns et de se donner comme défi de les ressortir lors d’une conversation pour donner davantage de force et d’élan à l’échange. Ces termes permettent de rendre votre discours plus précis, plus émouvant ou encore plus cultivé. Voici cinq mots à connaître et à placer lors de votre prochaine discussion :

Intempérance

Gare à l’intempérance ! «Toute intempérance est vicieuse, et surtout celle [l’excès de vin] qui nous ôte la plus noble de nos facultés», écrivait Jean-Jacques Rousseau dans sa Lettre à d’Alembert (1758). L’intempérance, d’après le Trésor de la langue française, est définie comme suit : «Manque de retenue, excès (d’une personne) dans sa manière de vivre, d’agir ou de penser».

Le mot est emprunté au latin «intemperantia», signifiant «intempérie ; défaut de modération, excès». L’intempérance désigne prioritairement l’abus des plaisirs de la table et tout particulièrement un goût immodéré pour le vin. Mais on parle également, dans un langage soutenu, d’«intempérance de langue, de plume» pour dénoncer une trop grande liberté qu’on se donne en parlant ou en écrivant, rappelle Jean Pruvost dans 100 mots à connaître (d’urgence) pour rehausser un discours (ou une conversation) (Le Figaro littéraire, 2023). «Une intempérance de style plat et d’idées lâches», écrivait le critique d’art Huysmans dans À rebours (1884). Le philosophe Alain dénonçait en 1923, dans son essai Propos, «l’intempérance de pensée qui est la cause de presque toutes les erreurs».

Zoïle

La critique fuse, injuste, malveillante et envieuse. «C'est un Zoïle», peut-on répliquer. Le Zoïle est un jaloux qui s'acharne sur une œuvre ou un auteur. Zoilus a réellement existé, il s'agissait d'un écrivain grec, grammairien et critique qui a rédigé neuf livres remplis de critiques vis-à-vis de l'œuvre d'Homère, que les Grecs considéraient comme le prince des poètes. Devenu nom commun, par antonomase, la postérité retient seulement de lui ses critiques acides. À tort ou à raison ? Le mal était fait. André Maurois, dans ses Mémoires publiés en 1967, manifeste sa surprise «devant l'affreux portrait que faisait de [lui] un Zoïle». Gare à celui qui se fait traiter de «Zoïle», ce n'est pas un compliment !

Miscellanées

Non, ce n’est pas le nom d’une fleur. Mais alors que signifie-t-il ? Son origine est latine, «miscellanea», il signifie étymologiquement «choses mêlées». Il s’agit d’un recueil qui rassemblait des études diverses traitant de science, de littérature, ou d’autres sujets. C’était aussi le nom qu’on donne au genre littéraire que constituent ces ouvrages, rappelle le Dictionnaire de l’Académie française. Mais étymologiquement, le mot signifie aussi «mélange». Plus joli que ce dernier, il a été utilisé par Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe : «Une miscellanée de légumes, pain et viande». Ou bien par Sainte-Beuve dans ses Causeries du lundi (1862) : «M. Villemain aussi a, depuis peu, redoublé de mélanges littéraires, et il a prodigué ses miscellanées brillantes.» Dans la famille des noms de recueils, on parle de «florilège», qui désignait à l’origine un recueil de poèmes, ou encore d’«anthologie» pour un recueil de textes choisis. Le Télégramme possède une chronique intitulée «Miscellanées». Qui ne possède pas de carton rassemblant pêle-mêle des bribes de choses ? Des miscellanées dans lesquelles se rassemblent quelques souvenirs.

Mithridatiser

« Je me suis mithridatisée contre les guêpes » pourraient dire ceux qui, ayant ingéré petit à petit du venin, y sont devenus insensibles. Ainsi, dans 813 de Maurice Leblanc, Arsène Lupin mange sciemment des biscuits toxiques. Selon la légende, c'est le roi Mithridate qui au Ier siècle avant JC craint de se faire empoisonner, et…s'y prépare, en avalant des petites doses. La mithridatisation n'est pas sans rappeler la vaccination. Le but est le même : s'immuniser. Mais on ingère dans le premier le produit lui-même, tandis que la vaccination travaille indirectement sur les anticorps. Plus généralement, être «mithridatisé», c'est être devenu insensible.

Équanimité

Il est dur de le faire sortir de ses gonds. Qu'il loue ou bien qu'il blâme, que son interlocuteur soit flegmatique ou sanguin, « l'équanime » est un serein à l'âme tranquille et à la parole raisonnée. «Un zèle d’adolescent et une patiente équanimité de vieillard», décrit Gide dans son Journal (1942). Que les nerveux, qu'un tel caractère peut agacer, ne fassent pas de lui un impassible. Il n'est pas sans sentiments, mais il les maîtrise et les vainc au besoin. « L'équanimité » consiste comme l'étymologie l'indique dans une humeur « égale », qui n'est pas sans rappeler cette recherche morale de « l'ataraxie » philosophique, l'indifférence de l'âme face à la souffrance ou la mort, gage d'une parfaite liberté.

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