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Monique Bellini

Je suis née dans Marseille occupée, en haut d'un sombre immeuble de la rue de la République, là où devait s'établir en étage le premier restaurant vietnamien. J'avais choisi afin d'entrer dans le monde, un matin d'août, et bien que ma mère ne mangeât alors que des aubergines, j'étais un bébé dodu et entouré de crépinettes. Le cri d'horreur que mère poussa en me voyant, fut-il la cause de mon éternelle scoumoune ? Je ne saurais le dire. Ce qui est certain, c'est que l'on m'affubla d'un prénom que j'exècre au plus haut point et que je devais traîner toute ma vie durant...

Découvrez la suite de mon histoire dans "Certains de la Diaspora".
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Histoire du santon et de la crèche

À Tanagra et Myrina, deux villes de la Grèce antique, on a découvert un grand nombre de statuettes de terre dans les sanctuaires et les tombeaux. Les couleurs avaient disparu, mais ces figurines, semblables à nos santons provençaux, étaient décorées de couleurs vives et concordantes.

Ces pièces sont classées en trois catégories bien distinctes ; l’une relative à la mythologie ; l’autre à la vie publique qui associait les marchands, les artisans, les acteurs ; la dernière à la vie familiale et illustrant parfaitement le quotidien au fil des heures. Il est dit qu’une figurine placée aux côtés de celles du santonnier Lagnel, ne peut être différenciée que par leurs tenues vestimentaires. Malgré tout, ces figurines n’ont pas pu inspirer nos santonniers du XIX ° siècle, puisqu’elles sont sorties de l’oubli en 1870.

Le précurseur des santonniers provençaux est sans nul doute, un certain Glorian, artiste figuriste, dont l’œuvre a, pour l’instant disparu, mais dont nous possédons un dessin ! La ressemblance de ce document comparé aux statuettes précieuses est parfaitement flagrante.

Parmi les artistes locaux utilisant la terre pour confectionner des statuettes à sujets familiers, Jean-Louis Lagnel, a peut-être été en Provence, le premier à donner l’image de la nativité.

Les artistes de Moustiers, Marseille, Apt, ont représenté des bergers, des chasseurs, des poissonnières. Il ne s’agissait là que des scènes de la vie courante qu’il a été facile de placer aux côtés de Marie et de l’enfant Jésus.

Toujours talentueux dans leurs créations, les Italiens n’avaient-ils pas façonné le « Santibelli » ou Saint-Joli, échangés contre une aumône aux colporteurs napolitains ? Ces pièces frustres, voire franchement laides peuvent être comptées parmi les sources d’inspiration des premiers santonniers.

Si l’histoire des santons se perd dans la nuit des temps, la fête de Noël est vieille comme le monde.

Après une période durant laquelle les jours raccourcissent, la lumière regagne peu à peu le terrain perdu. Ce phénomène frappant l’imagination primitive engendra la consécration du soleil.

Symbolisant le renouveau, la lutte de la lumière contre les esprits obscurs, la victoire du soleil sur les ténèbres, le solstice d’hiver était célébré avec force de réjouissance par toutes les peuplades, dans toutes les tribus. En Égypte, la cérémonie était vouée au dieu Aton, en Grèce, Mithra personnalisait la masse solaire. Faire coïncider le jour de naissance du Christ avec celui de la lumière était en définitive une excellente affaire pour le clergé, les dieux païens allaient en douceur passer aux oubliettes. Les temples recueillaient les restes des saints, l’image de la Vierge et de l’Enfant Jésus. L’amalgame de ces puissances mettait le pas vers la chrétienté.

Avec le soleil, Noël fut instauré en l’an de grâce 354.

Cela ne se concrétise pas sans problèmes. Les cérémonies accompagnées de chants profanes sont profondément ancrées dans les mœurs et malgré l’interdiction des jeux de cirque au moment de Noël, les anciens rites sont toujours présents et, afin de polariser l’attention du peuple, on verra, au Moyen Âge, la création de représentations théâtrales ayant pour thème, la religion. Ces spectacles donnés en plein air, avaient pour devoir de durer de longs jours, et avaient le pouvoir d’émerveiller le peuple. Ces drames religieux sous forme de tableaux vivants étaient appelés des «Mystères.»

Cette tradition précède la crèche dans les églises. À quelle époque remonte la célébration de la crèche ?

On a prétendu que Saint François d’Assise fut à l’origine de cette tradition. Saint François d’Assise a simplement obtenu l’autorisation du pape Honorius III, de faire célébrer la Messe de Minuit devant une étable où hommes et bêtes revivraient les circonstances de la Nativité.

Cet évènement se passait après l’an Mille, époque bénie pour l’église qui avait vu se multiplier les dévotions, le nombre des fidèles grâce à la phobie obsessionnelle du siècle nouveau, du grand cataclysme. Le « Temps des Cathédrales » déclencha la conversion des plus redoutables, des plus récalcitrants. Saint François d’Assise avait instauré cette célébration qui fut adoptée par l’ordre franciscain dont il dépendait.

La crèche et les santons avaient cependant pris forme dès le début du christianisme. Dans l’évangile, Sainte Lucy atteste l’existence de la crèche primitive et justifie toutes les imitations qu’elle suscite. Les premiers chrétiens commémoraient la naissance de Jésus, cet acte de dévotion ne peut être contesté étant donné qu’il est écrit : « dans le mystère craintif des catacombes, gisent déjà des petits Bethléem. »

On retrouve le thème de la nativité sur les sarcophages romains du IV ° siècle, les triptyques florentins, les chapiteaux romans, le tympan des cathédrales. Autour du Sauveur sont réunis, Marie, Joseph, l’âne et le bœuf, parfois quelques bergers, plus tard, les adorateurs, ces représentations témoignent de l’appartenance à une même foi. La plus ancienne crèche connue se trouve à Prague, elle a été réalisée en 1562. Les Napolitains se spécialisèrent et excellèrent dans la fabrication de santons de bois sculpté, ces pièces remarquables sont toujours recherchées par les musées et les collectionneurs.

En France, les trois premières crèches s’installèrent timidement à Nogent-le-Rotrou, Sainte-Marie d’Oloron et Saint Maximin, elles ne ressemblent pas aux crèches de nos voisins Italiens et Bavarois, dont les sujets vêtus avec magnificence croulent parfois sous le poids des joyaux et sont toujours engloutis par des couleurs et un océan d’angelots et d’étoiles. Compositions parfaites par leurs dimensions, la recherche du détail, la qualité d’exécution, elles symbolisent par leur exubérance, l’expression de l’art baroque.

Les petites crèches de France furent bien modestes. Composées de quelques santons de bois, elles étaient d’une touchante simplicité. La Provence devait, fort heureusement subir l’influence italienne.

C’est aux alentours de 1720, que les riches Provençaux commencent, pour leurs propres demeures, à acquérir des crèches souvent de verre filé, ouvrage des maîtres de Venise. Pour les gens moins fortunés, il était d’usage à Marseille de créer des figurines à partir de mastic ou de boulettes de pain. Parce que précieuses et fragiles, les statuettes de verre étaient collées sur la paroi basse d’une boîte, on faisait d’ailleurs de même pour le mastic et le pain.

Les crèches de verre, ne ressemblaient pas à des objets de piété, on retrouvait le valet de ferme en bas blanc et portant perruque, quant à la vierge Marie, sortant tout juste de ses couches, on la voyait en robe rose, en manteau bleu, semblant prête à partir pour quelques bals de la cour.

La pratique populaire de confectionner la crèche s’est véritablement instaurée à partir de la Révolution. Le santon est un enfant de 1789 !

La foire aux santons de Marseille vit le jour en 1803 sur le cours Saint-Louis, c’est la plus ancienne de Provence. La plupart des santonniers exerçaient cette activité de façon saisonnière, ils étaient tous maçons, tonneliers, coiffeurs, tous, sauf Jean-Louis Lagnel, qui fut le premier à vivre de sa petite industrie installée 70, rue Caisserie. Il eut le pouvoir, l’imagination, le talent de créer le moule de plâtre pouvant reproduire ses œuvres à l’infini.

Nous conservons au Musée du Vieux Marseille, cette pièce maîtresse dans l’histoire du santon, elle est datée et signée. Utilisant un matériau peu coûteux : l’argile, Jean-Louis Lagnel se trouve inscrit sur les registres de l’État civil, avec la mention : Profession : Figuriste.

Depuis cette époque, le procédé est resté le même, dans une poignée d’argile, l’artisan sculpte avec l’aide d’un ébauchoir, ensuite, rien n’est plus simple, il coule du plâtre délicatement en deux parties longitudinales, il précise les contours, gomme les imperfections, le tour est joué, le moule est fin prêt !

Le développement de la crèche parlante coïncide avec l’interdiction des crèches dans les églises. Véritables spectacles de marionnettes, les crèches parlantes furent en activité de la fin du XVIII ° à 1910. Santons articulés, vêtus de costumes locaux, ils se mouvaient par un système de glissières qui donnait au mannequin une démarche plus naturelle que les marionnettes commandées d’en haut par des séries de fils. Représentions populaires, ayant pour but de récupérer de l’argent à ses constructeurs, elles échappaient à tout contrôle ecclésiastique. Les animateurs de ces théâtres de foire faisaient de cette prétendue crèche, un sujet d’actualité. On y voyait Napoléon, on y narrait le voyage du Pape à Paris, et pour la circonstance, on fait s’agenouiller devant le Saint-Père, la Vierge et Joseph afin de recevoir sa bénédiction.

Aucun scénario véritable ne guidait le déroulement de ce spectacle décousu, sans logique, où les acteurs, dissimulés dans les coulisses, récitaient des textes inspirés des évènements de l’époque, le tout ponctué de musique religieuse.

La plus célèbre fut celle d’un certain Laurent.

Pendant l’adoration des bergers, un rideau se levait, dévoilant la mer sur laquelle voguait un bâtiment de guerre. Une salve d’artillerie saluait l’Enfant Jésus, lequel, éveillé en sursaut ouvrait de grands yeux, tressaillait, agitait ses bras.

Après un passage sur le cours Belsunce, la foire devait être installée sur les allées de Meilhan en 1889.

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