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Hydrogène verte :

 

A l'heure où de nombreuses critiques surviennent pour détruire ce qui semble être une avancée en termes de dépollution, il semble être utile de remettre un peu d'ordre dans le raisonnement. On peut être étonné de voir certains journalistes défendre avec vigueur le "Monde d'avant" et ne pas prendre en compte un problème dans toute sa longueur. En effet, si l'on veut comparer 2 choses il faut mettre en opposition un secteur qui vide les sous sols terrestre et qui pollue dès sa captation, sans parler du transport et des retombées en termes de santé sur toute la chaîne... et de l'autre côté une innovation, la recherche et un bien être sanitaire...

De plus, produire 3,6 millions de tonnes d’hydrogène vert en Europe chaque année à l’horizon 2030, tel est l’objectif du projet « HyDeal Ambition » qui regroupe à ce jour une quarantaine d’industriels européens de l’énergie. Au-delà de cet important volume, représentant l’équivalent d’un mois et demi de consommation de pétrole en France, son ambition est de le vendre à un coût très compétitif de 1,5 € le kg livré et ainsi venir concurrencer le marché des énergies fossiles.

Thierry Lepercq, ancien directeur général adjoint d’Engie, est à l’origine de la création de cette future filière et son porte-parole. « Dès la fin de l’année 2018, nous avons commencé à faire des travaux de modélisation », déclare-t-il. « L’originalité fondamentale de notre démarche est non pas de déposer un dossier pour obtenir des subventions, ce qui est pratiquement le cas de tous les projets aujourd’hui, mais de réunir l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur afin d’étudier comment on peut conclure des contrats d’ingénierie de construction, de développement, de vente d’hydrogène, de raccordement au réseau et de financement ».

Pour vendre cet hydrogène au prix du marché, il sera d’abord produit à partir de centrales solaires en Espagne et au Portugal, deux pays où l’ensoleillement est élevé et qui sont capables de produire de l’électricité à un coût inférieur à 15 € le MWh. Cette dernière sera ensuite transformée en hydrogène grâce à l’électrolyse de l’eau avec un rendement de 70 %. Pour atteindre une capacité installée de 95 GW, les panneaux solaires nécessiteront une surface de 78 000 hectares.

Thierry Lepercq modère ce chiffre : « cela représente 0,1 % de la surface de l’Espagne et du Portugal. En moyenne, chaque site de production solaire aura une capacité comprise entre 500 et 1 000 MW et s’étendra sur environ 500 hectares ». « La production d’hydrogène décarboné au prix du marché ne peut fonctionner qu’avec du solaire, car le coût de production de cette électricité est très compétitif », analyse Thierry Lepercq. « Ceux qui disent qu’on va installer un électrolyseur sur le réseau électrique se trompent, car le coût d’acheminement de cette électricité grâce au réseau représente déjà entre 7 et 10 euros du MWh ».

Pour le transport, le bateau et la route ont rapidement été écartés, ces deux solutions étant jugées trop coûteuses. C’est donc à travers un réseau de pipelines que l’hydrogène sera uniquement livré. Plusieurs dizaines de térawatt-heures de stockage souterrain seront également nécessaires car les quantités produites seront irrégulières avec des volumes plus importants au printemps et l’été que l’hiver. Au total, le transport et le stockage ne devront pas peser plus 0,3 € par kg d’hydrogène.

Le budget global de ce projet est estimé à environ 120 milliards d’euros. En amont de la filière, il regroupe des développeurs solaires parmi lesquels le Franco-Espagnol DH2/Dhamma Energy et l’Italien Falck Renewables. Des producteurs d’électrolyseurs et des groupes d’ensembliers sont aussi présents comme les Français McPhy Energy et Vinci Construction. À l’aval, des opérateurs de transport et de stockage de gaz sont associés, avec entre autres, les Français GRTgaz et Teréga, mais aussi Snam en Italie et OGE en Allemagne. Pour le financement, des banques ont rejoint le projet tel que la Deutsche Bank, Natixis et la Banque européenne d’investissement.

Grâce à son prix attractif, cet hydrogène vise ni plus ni moins à remplacer le pétrole, le gaz et le charbon dans tous leurs usages. Il servira par exemple à produire de la chaleur pour remplacer le gaz naturel dans la production d’ammoniac et autres produits chimiques ou alors à remplacer le charbon à coke dans l’industrie de la sidérurgie. « Il pourra aussi être retransformé afin d’offrir cette électricité 100 % renouvelable en temps réel dont tout le monde rêve », ajoute Thierry Lepercq. « Il pourra aussi remplacer le diesel consommé par les camions, car les poids lourds vont, à partir de 2025, basculer vers cette nouvelle énergie ».

Dès 2022, les premières livraisons au prix de 1,5 € par kg doivent commencer. Selon Thierry Lepercq, cet hydrogène va servir à reconvertir les centrales à charbon qui jouent un rôle essentiel dans la stabilisation du réseau électrique.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash / Techniques de l'Ingénieur

 

 

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