MEDIA CORSICA
La Corse, souvent conquise, jamais soumise…

Cela peut être la particularité de cette île, un peu comme Avalon, qui s’échappe dès qu’on s’en approche, Avalon, île, comme toutes les îles, mystérieuse, est la demeure de la fée Morgane. Certains la considèrent aussi comme l'endroit où Excalibur, la légendaire épée d’Arthur, fut forgée. L’île porte en elle des mystères que ne peuvent comprendre des continentaux. Par ses croyances, ses symboles communs à chaque île. Mon ami le grand peintre Morio Matsui, me disait « Je n’ai plus peur de mourir car je vis au Paradis »…
Les corses ont été les premiers gardes du Pape, la Corse a toujours été une terre Vaticane, évangélisée par Saint François d’Assise, il semblait presque normal que le Pape François y vienne et ainsi se rende compte de la ferveur de notre croyance.
L’évangélisation de la Corse : L’impulsion des franciscains
En 1219, Saint François d’Assise, fondateur de l’ordre des Franciscains, envoie des missions dans plusieurs régions méditerranéennes, dont la Corse. Les franciscains s’impliqueront dans la construction d’églises et de chapelles à travers l’île. Missionnés par le pape pour prêcher la parole du Christ, ils fondent plusieurs couvents à travers l’île, parmi lesquels ceux de Belgodère, de Zuani, de Bastia, de Piedicroce, de Corte et d’Alesani, marquant ainsi leur empreinte spirituelle dans les montagnes et les vallées corses.
L’un des premiers couvents est celui de San Francesco à Corte, fondé en 1474 par Antonio Stoncone, après y avoir été autorisé par le Pape Eugene IV. Ce couvent fut agrandi dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Il devient alors le plus grand et le plus somptueux après celui de Bastia. Il fut confisqué par l’Etat lors de la révolution. Puis il tomba en ruine et fut racheté par la famille Arrighi de Casanova qui en fit don à l’Eglise. En 1872 il fut transformé en petit séminaire. En 1905 le couvent fut de nouveau confisqué puis transformé en collège puis en caserne, il abrite aujourd’hui des résidences universitaires.
La Corse a été nommée par les Américains, l’USS CORSICA. Souvenons-nous de ce passé récent. Les troupes américaines après avoir suivi les informations de Vito Genovese contre la libération de Lucky Luciano. La Corse, elle se libère seule grâce à ses maquisards 10 mois avant Bayeux !
Les Américains sont bloqués à Milan. Patton Venant de Palerme dans son avion, George Patton commandant la VIIe Armée U.S. atterrit à Alger où l’attend le général Alphonse Juin, commandant le Corps Expéditionnaire français. Tous deux ont un ordre de mission spéciale signé d’Eisenhower, chef des opérations en Méditerranée. Objectif : effectuer un parcours en reconnaissance à travers la Corse « dans le plus grand secret, bien entendu, confiera Juin, mais de façon tout de même que le 2e Bureau allemand en eût vent et en fût intrigué. »
Les instructions reçues tiennent du paradoxe. Car les deux officiers supérieurs doivent voyager « incognito », c’est-à dire avec une modeste escorte, mais en uniforme pour ne pas passer inaperçus. Se faire remarquer, mais pas trop.
Tels deux touristes en goguette, ils iront faire une balade dans le Cap Corse « pour y regarder avec attention, et en étalant des cartes du côté du nord et de l’est, afin de donner ainsi à croire à quelque espion aux aguets qu’il y avait préméditation d’une opération de débarquement soit dans le golfe de Gênes, soit même en Toscane. ». Cette mission n’est pas pour déplaire aux deux hommes, car dépouillée de tout caractère officiel, elle présente l’attrait d’un voyage d’agrément. À l’époque, Patton n’est pas encore très connu de l’opinion française, sinon pour avoir débarqué en Afrique du nord en novembre 1942 et pour avoir été avec son homologue anglais Montgomery un fer de lance de l’opération « Husky », en débarquant avec succès en Sicile le 10 juillet 1943.
Patton s’agenouille devant le lit qui a vu naître Napoléon !
Le général américain commente à sa manière le rôle des patriotes corses : « Il trouva aussi tout naturel que la guérilla corse, malgré sa vaillance, n’eût pu faire davantage. On ne lutte pas contre des chars avec seulement des pistolets et des mitraillettes. Mais il manifesta un profond étonnement quand on lui apprit que cette guérilla était organisée par cantons. » Patton n’est pas au bout de ses surprises.
Chemin faisant, Juin lui révèle qu’il est Corse lui-même par sa mère, originaire d’Ucciani où une halte est prévue. « J’avais fait prévenir la veille de mon passage en cet endroit et presque tout le village y était descendu. »
Devant la ferveur des embrassades scellant les retrouvailles, Patton s’étonne. On lui explique. « Tout attendri, il sortit son Kodak, disant qu’il fallait absolument qu’il emportât un cliché de cette rencontre avec ma famille ». Déjeuner dans les calanques de Piana, puis traversée de Cargèse la grecque où Juin raconte à Patton l’histoire des migrants installés à Paomia.
C’est ainsi que sentant la ferveur Corse, il enverra ses unités de chasseurs afin de protéger ses bombardiers et que le débarquement de Provence prendra forme…
La Corse est une île, une île stratégique en Méditerranée. Délaissée depuis de nombreuses années, malgré une tentative de réhabilitation marquée de Michel Rocard qui avait dit « j’irai dormir en Corse » où il est enterré dans le village de Monticello, où réside Jacques Dutronc, son épitaphe est « Heureux les artisans de Paix » son monument est une œuvre de Soulage.
Comprendre la Corse c’est connaître son histoire, certes tourmentée, à l’image de la Méditerranée qui l’entoure, la protège et l’isole, c’est aussi cette phrase que l’on attribue à Edmond Simeoni, dont j’ai été le secrétaire et le compagnon de route : « La Corse fabrique des Corses », que j’aimais opposer à cette phrase d’un membre du corps préfectoral : « Les Corses ne comprennent pas que la Corse ne leur appartient pas ».
Le maritime en Corse
Le transport maritime vers la Corse est depuis longtemps la vache à lait de différents opérateurs grâce à la subvention publique résultant de la délégation de service public la DSP (Délégation de Service Publique). Sa fonction est de faire baisser le prix de la traversée pour le fret et pour les passagers. Pour nous, Corses, un leurre.
Il a toujours été question que la liaison entre Corse et continent devait se faire sur un prix au kilomètre identique à celui du train bleu. On se rend compte très vite que cette aide, ce soutien rend la Corse esclave du continent et des flus touristiques.
La société civile espère une autonomie économique. Celle-ci peut exister. Malheureusement la Corse ne s’en donne pas les moyens. Le SGAC (Service Général aux Affaires de la Corse) comme le Conseil économique, social, environnemental et culturel - Corse (CESEC). Des entités qui regroupent tout ce que le mot fonctionnaire peu avoir de négatif. Aujourd’hui à partir de 2018 une nouvelle « entité » a été créée, spécifique aux territoires de l’intérieur et de montagne. Or, avec la complicité de la CdC et des services de l’État, ces reliquats ont été inférieurs à ceux attendus, alors que les compagnies bénéficiaires de la DSP ont été surcompensées. La question est : où est passée la différence qui aurait dû profiter à l’usager ?
En Corse, une île où la majeure partie des Corses ne savaient pas nager, car nous étions un territoire de montagnes, l’attrait de la mer, comme partout dans le monde nous a détourné de nos origines montagneuses. L’intérieur est en triste état. Et nos côtes sont la convoitise de riches propriétaires qui s’installent dans un cadre idyllique.
Aujourd’hui la vie en Corse demande d’être peu exigeant. Oui, car peu de services hospitaliers, pas de hautes écoles ou de services haut de gamme, comme par exemple une école hôtelière formant des employés allant du serveur à la direction. Les jeunes Corses partent faire des études supérieures sur le continent et bien souvent ne reviennent pas.
300 000 habitants quand la Sardaigne en compte 1 million 600 ! Nous sommes bien petits et soi-disant si bruyants !