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Philippe Pierangeli

 

 

 

 

 

          Photographe

Formateur au 8 studio Scamaroni 20000 AJACCIO

Intervenant à l'Università di Corsica

Formateur, Consultant à Spéos Paris Photographic Institute

A étudié le Cinéma à UQAM - Université du Québec à Montréal

     A la hauteur de l’Auteur ?

 

 

Notre époque est elle à la hauteur de l’Auteur ?

 

Chacun peut se poser cette question, s’il a un tant soit peu d’estime pour ce que représente aujourd’hui dans notre monde marchand, cet acte gratuit  dans le geste initial qu’est la création, une ouverture sur les rêves, sur l’imaginaire, avec tout ce que cela implique de mélanges entre réalités et fantasmes. Si je parle plutôt d’Auteur que d’Artiste, c’est pour désacraliser la valeur intrinsèque de toute création. Alors, que l’on aime ou pas, que l’on trouve ça beau ou pas, qu’il y ait un message ou pas, toute création est une œuvre d’ Auteur, et la question inévitable qu’ il faut se poser en premier lieu serait la suivante : qu’est-ce qu’un Auteur ?

 

Poser correctement le problème, c’est déjà trouver une ou des solutions, risquons nous donc et partons sur cette maxime. Ëtre auteur, c’est créer et vivre de sa création, partiellement ou totalement et/ou faire une œuvre remarquable. Voilà une définition sommaire qui devrait néanmoins permettre d’y voir un peu plus clair et de débattre, à l’heure où tout un chacun peut ‘’créer’’ à moindre coût grâce à la  technologie démocratisée,  et par conséquent, à moindre coût….. intellectuel serait on tenté de dire, et pour tous ceux notamment qui seraient tentés de prendre la création seulement comme un passe-temps ludique in fine. Mais les technologies ne font pas tout justement et la critique lorsqu’elle reste allumée comme une sentinelle ou un phare à l’entrée du port, nous permet de voir clairement dans le flux insensé de tant de créations, combien

font défaut les techniques qu’auparavant chaque Art exigeait. Les Ecoles d’Art auraient elles perdues de leur grandeur ? Ou si ce n’est leur disparition programmée due à un nivellement par le bas / par le bias…… des nouveaux médias. Bien sûr il n’y a pas que les écoles d’Art qui mènent à la création et à la production d’œuvres et le parcours des plus grands artistes a souvent débuté dans la marginalité, l’exclusion, au fin fond d’un estaminet ou d’un bordel. Mais les bordels n’existant plus, ni les estaminets…..les auteurs contemporains ont de plus en plus maintenant, comme les sportifs de haut niveau, un pied dans une administration nourricière et l’autre dans l’atelier avec ce que cela comporte de risque sur la création. L’artiste doit il mourir de faim pour exceller dans son Art ?

Le confort du gite et du couvert assumé chaque jour par l’institution nourricière ne serait elle pas contre productive ?

Il n’est peut-être que l’écriture qui n’ait souffert de ces révolutions technologiques, et qui aujourd’hui encore ne nécessitant que peu de matériel  (du papier, un crayon, un stylo…… voir une machine à écrire ou un ordinateur), ne se contente pas d’à-peu-près, car la matière première étant la langue la langue et l’écriture, l’Auteur y retrouve sa raison d’être.

Avant, nous aurions dit une plume. Quelle belle plume cet auteur ! Lorsque l’outil se faisait l’image du talent pour souligner la qualité de l’artiste. Désormais pour quasiment tous les autres moyens d’expression, la technologie et la démocratisation des moyens techniques ont changé, en apparence, et je dis bien en apparence, la création. Nous croulons donc sous la production de créations, d’œuvres de l’esprit, et dans toute cette production, il en va comme de la consommation…… une avalanche de banalités, de choses faites à la va vite, sans le soin si propre à la création, sans attention, sans que l’esprit prenne le dessus sur la technologie qui serait presque capable de produire en toute autonomie, alors, bonne ou mauvaise, peu importe, la création apparaît sans âme. Seul le quantitatif  prévaut. Mais qu’apporte t-il ? 

 

Il n’y a pas de création sans âme, il n’y a pas d’auteur sans âme, vous l’aurez compris.

 

Alors parlons de ceux là qui restent, ceux qui ont une âme, ceux qui iraient jusqu’à mettre en péril leur propre existence, tant l’objet de ce désir de créer si fort les habite. Comment vivent ils et quelle considération a t on à leur égard. L’auteur, est la base de la création, sans auteur, il n’y aurait, ni livre, ni album musical, ni photographie, ni peinture….. bref rien de tout ce qui égaie, interpelle, fait se rencontrer, s’aimer, et la liste des sentiments provoqués est interminable…. Vivre ! Et pourtant, pris dans le système économique en tant qu’individu, ce qui est la très grande majorité des artistes, l’auteur n’est pas grand chose. Prenons l’exemple du livre. Un auteur peut s’estimer heureux s’il touche (tout en faisant une extrême confiance à son éditeur)  entre 5 et 10 % du prix de vente de l’ouvrage, et pas à la parution, mais souvent après 6 mois et plus souvent à un an de la sortie du livre. Même chose pour la musique. Alors, notre époque n’est résolument pas ou plus à la hauteur de l’Auteur.

Et pourtant….. à voir les sommes colossales mises dans les productions audio-visuelles si souvent de piètre qualité, des émissions d’amuses-crétins comme si, dans l’éternel débat où certains vous dirons que les ‘’gens’’ en redemandent et que la soupe est bonne pour la populace dans la misère intellectuelle bien entretenue, aussi bien par le service public qui s’y est collé que par les chaines privées. La production audio-visuelle dans sa grande majorité se nourrit de cette misère. Le commun des mortels tellement content de paraître sur l’écran plat ne voit même plus à quel point il est ridicule et méprisé  par ceux là même qui s’en servent comme matière première. Le Net sauvera t-il la création ?

Comment l’Auteur peut-il ne pas être ‘’déposséder’’ de sa création  par la production et la distribution et en vivre à minima déjà, plutôt que de disparaître ?

Il y a quelques jours je finissais mon post sur FB par les mots suivants ; '' l'image fixe, comme un miroir, a / ou pourrait avoir un rôle de premier ordre ''. 
Avant d'extrapoler sur les raisons objectives qui sont à l'origine des violentes rixes de Sisco, il est bon de rappeler semble t il la législation en matière de photographie. Je vous laisserais juge d'apprécier les différents comportements des photographes amateurs et professionnels.
Réaliser une photographie est un acte libre dans notre société et sur notre territoire aussi. Cela s'accompagne d'une pratique que l'on acquiert avec l'expérience. Je peux tout photographier dés lors que je respecte l'individu. Je ne vais pas faire une photo de quelqu'un ou d'un groupe en venant tout prés et faisant une photo sans prévenir de mon intention car cela pourrait être perçu comme une agression, il va de soi. Par contre si je fais une photo de paysage et qu'un groupe s'y trouve en tout petit, je peux m'affranchir de cette approche car les personnes sont loin et ne seront pas reconnaissable et donc il n'y aura pas atteinte à la vie privée et au droit à l'image. On voit donc comment il pourrait y avoir lieu à polémique et donc à la violence qui en serait la conséquence. Personnellement je ferais la photographie d'un paysage avec un groupe où se trouverait une burkini à condition que je sois suffisamment loin et que cette tenue ne soit pas identifiable, car je suis conscient des tensions qui existent aujourd'hui. Si je suis trop prés de cette personne alors je ne ferais pas la photo ou bien je rencontrerais ce groupe pour l'informer de mon intention. Il en est de même pour une personne avec les seins nus ou un ou une nudiste. Il est normal de ne pas prendre en photo des personnes sans les en informer. Par contre une foule, prenons l'exemple d'une plage remplie de vacanciers, cela ne pose aucun problème. La conclusion, c'est que l'usage d'un burkini nous oblige à prendre des mesures particulières comme s'il s'agissait d'une femme dévêtue. En ces temps de tensions, le port de cette tenue peut-être pris aussi comme une provocation, ici sur notre terre ou le corps s'exprime dans le respect de la loi, sans attentat à la pudeur donc pas de nudité complète cela va de soi. C'est pourquoi, je crois que le maire de Sisco a pris une bonne décision et que toutes les communes proches de la mer devraient suivre cet exemple, car ce signe ''ostentatoire'' d'une religion ne peut que favoriser les tensions et les violences. S'il devient risqué de prendre une photo de paysage parcequ'une personne vêtue d'un burkini s'y trouve, cela n'est pas normal. Nous vivons sur un territoire avec une culture occidentale qui est ouverte, qui accueille, à conditions que l'Autre respecte aussi notre culture. Personnellement je suis déjà extrêmement choqué que des infirmiers ou des chirurgiens soient malmenés, voir agressés lorsqu'ils soignent des femmes d'origines musulmanes et cela par rapport au corps, alors qu'ils sont là pour soigner, soulager la souffrance et guérir une personne. Il y a des lois, elles doivent être respectées, tout comme notre culture également, dans le respect de ses lois.
Notons que le droit à l'image impose que toute personne photographiée donne son accord à l'auteur de l'image, pour une publication.

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