MEDIA CORSICA
Jeanne Leboulleux-Leonardi
Historienne et écrivain, j’ai co-créé le cabinet de coaching managérial J2-Reliance en 2005. Dans ce cadre, j’ai publié une quinzaine d’ouvrages relatifs à l’histoire d’entreprises ou de collectivités.
Diplômée de la Sorbonne (DEA d’histoire) et du Centre d’Etude des programmes économiques (ENSAE), j’ai auparavant exercé différentes fonctions dans les domaines du marketing, du contrôle de gestion et de la stratégie, qui m’ont conduite de Paris à Nantes en passant par Lyon et Toulouse.
Corse d’origine et de coeur, mariée à un Breton, je vis aujourd’hui en Bretagne, une terre de granit, aux personnalités bien trempées, et à l’histoire riche et longue. J’ai également un pied en Grande-Bretagne où nous développons aujourd’hui l’activité de notre cabinet.
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Y a-t-il un bon format pour une économie prospère ?
Comment expliquer que la communauté autonome d’Euskadi — un petit pays d’à peine plus de 7 000 km2 et de 2,2 millions d’habitants — soit le 8ème pays du monde en terme d’indice de développement humain[1] ? Avec un PIB par habitant de 32 200 euros par an, elle se situe largement au-dessus de la moyenne espagnole à 21 700 euros et même au-dessus de la moyenne européenne. Le 23 septembre dernier, l’Institut de Locarn recevait Joxe Mari Munoa pour en débattre avec lui, réfléchir aux facteurs qui avaient pu contribuer au développement du Pays Basque et à la façon dont la Bretagne pouvait s’inspirer de cette expérience.
Un think-tank actif en Bretagne
L’institut de Locarn vous est sans doute peu familier : c’est un think-tank breton dont je vous parlerai prochainement dans un nouvel article. .Joxe Mari Munoa, par contre, certains d’entre vous le connaissent peut-être. Responsable des relations extérieures du gouvernement basque de 1990 à 2007 avant de devenir Président de la Société des études basques, il est venu plusieurs fois en Corse dans le cadre de son activité.
Le rôle déterminant du gouvernement basque
Joxe Mari Munoa nous a présenté la façon dont l’économie basque avait traversé les crises économiques successives depuis la fin des années soixante-dix. L’action du gouvernement basque — notamment sous l’impulsion du PNV, au pouvoir depuis 1979 à l’exception de la période 2009-2013 — a été déterminante. Il a su mettre en place un environnement favorable pour l’économie, restant à l’écoute des entreprises pour identifier les investissements structurants nécessaires. Et il n’a pas hésité, en 1991, à faire appel au spécialiste mondial de la stratégie, Michael Porter, de l’Université de Harvard : sont nés alors les fameux clusters dont les pôles de compétitivité français ne sont qu’une pâle (et infidèle) imitation et qui ont fortement contribué à la renaissance économique du pays. C’était mettre en place une véritable politique industrielle.
Des facteurs complémentaires
D’autres facteurs ont également contribué à cette réussite économique[2] : un contexte culturel favorisant l’esprit d’entreprise ; l’amour du pays qui renforce la volonté de chacun de s’investir pour sa terre ; une collaboration intelligente entre public et privé avec des aides financières publiques négligeables mais un accompagnement bien ciblé des initiatives entrepreneuriales …
La petite taille du Pays Basque a-t-elle été également un facteur de réussite ? Elle n’a, quoi qu’il en soit, pas été un handicap : bonne nouvelle pour la Corse qui pourrait peut-être s’en inspirer dans les prochaines années.
[1] La France n’est que 22ème dans le classement de l’ONU.
[2] Une réussite, même si tout n’est pas encore gagné : le chômage, en hausse après la crise de 2008, recommence tout juste à baisser.