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Cynthia Fleury

 

Vit à Paris

 

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La chronique de l'Huma offerte par Cynthia Fleury

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Psychanalyste et philosophe française, enseigne la philosophie politique (en qualité de research fellow et associate professor) à l'American University of Paris 3, est également chercheur associé au Muséum national d’histoire naturelle.

 

 

 

 

La semaine de 4 jours

La chronique philo de Cynthia Fleury

C’était en 2006, Xavier Gabaix et Augustin Landier s’interrogeaient sur la réalité de la responsabilité individuelle d’un grand patron sur la performance économique d’une grande entreprise (« Why Has CEO Pay Increased So Much ? », MIT).

« Si le PDG de la 25e entreprise (par sa capitalisation) devait remplacer celui de la première, il en résulterait pour celle-ci une perte de valeur de 0,016 %. » Mais rien n’y fait, les salaires des grands patrons s’envolent, tandis que ceux des travailleurs dépérissent, lorsqu’ils existent encore.

Les noms de ce pillage orchestré : la « méritocratie », « la loi du marché », la « rémunération du talent ».

Dans "Einstein avait raison". Il faut réduire le temps de travail (les Éditions de

l’atelier, 2016), Dominique Méda et Pierre Larrouturou ne s’en prennent pas

aux patrons mais à l’inexistence d’une réflexion collective sur le temps de

travail. Là, nous en sommes en 1933, et Einstein – à la suite d’Henry Ford qui

avait milité pour la semaine de 5 jours dès 1926 – écrit : « Pour la production

de la totalité des biens de consommation, seule une fraction de la main-

d’œuvre disponible devient indispensable. Or, dans l’économie libérale,

cette évidence conduit forcément à un chômage élevé. (…) Pour supprimer

ces inconvénients, il faut selon moi une diminution légale du temps de travail

pour supprimer le chômage. »

Aujourd’hui, plus de 6 millions d’hommes et de femmes (au chômage), plus

tard, les politiques détricotent les 35 heures, alors qu’il faudrait passer aux

32 heures, en surestimant toujours davantage le coût réel du chômage, en

France, indépendamment du coût en termes de santé publique :

« Entre 80 et 100 milliards d’euros », indique Jean-Patrick Gille, qui vient de rendre un rapport sur le finan-

cement du chômage en Europe. Pourtant, passer à 4 jours, non seulement va dans le sens de l’histoire

sociale, mais également dans le sens de l’histoire économique des sociétés occidentales, si elles veulent

éviter une paupérisation absolue. Coop Even, coopérative dont le métier est de collecter et de transformer

le lait, s’y est essayée depuis 1997. Yprema, société de valorisation des déchets, et la Macif, société d’as-

surance mutuelle, également.

Autre grand chantier proposé par les auteurs, mettre au service de la sauvegarde du climat la création

monétaire (rappelons que la Banque centrale européenne a décidé, en 2015, la création de 1 200 milliards

d’euros), que les Banques destinent actuellement aux marchés financiers.

Militer pour la semaine de 4 jours n’est pas la panacée, mais c’est là une action déterminante pour lutter

contre le partage de plus en plus inégal du travail et de ses revenus, à insérer dans une dynamique de

refonte de la fiscalité européenne.

« Travaillez, travaillez, prolétaires, pour agrandir la fortune sociale et vos misères individuelles ; travaillez,

travaillez, pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d’être misérables.

Telle est la loi inexorable de la production capitaliste »

                                                                                                                                          (Paul Lafargue, 1883).

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