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Madeleine Filippi

 

Vit à Paris

Commissaire d'exposition - Curator & Art critic

 

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Emilie Raffalli

débute en 2010 un travail photographique qui narre avec dérision la dichotomie entre modernité

et tradition qui coexistent en Corse. Loin des clichés habituels elle propose une vision tour à tour

humoristique et critique de l’île. 

 

Viticultrice et photographe, peux-tu nous expliquer ton parcours et ta première expérience avec

l’art ?

Je reprends actuellement le vignoble de mon père et m’installe en viticulture pour faire perdurer

et vivre le travail d’une vie. L’agriculture est un art … l’art de vivre avec le temps. Le medium photographique est un outil de capture. Ma première expérience fut celle d’essayer d’exprimer un ressenti, un mal-être, dû à l’inéquation entre ma culture et l’évolution sociétale, sans doute le vestige de ma formation en socio-anthropologie.

Comment définirais-tu ta démarche ?

Abstraite ; j’utilise la photographie pour illustrer un phénomène de société ou une analyse de celle-ci, sans qu’il y ai de rapport franc entre les thèmes abordés.. Il y a quelque chose de l’ordre de l’inattendu dans ton travail et en même temps de très scénarisé.

Comment procèdes-tu ?

J’analyse des situations en rapport avec la confrontation entre ma culture (ma façon de penser ou d’être) et l’évolution de la société mondiale. Je conçois dans un premier temps une image dans ma tête, synthétisant le message (parfois ironique, drôle ou triste) à faire passer. Et je trouve souvent par hasard dans un lieu, un paysage, une situation, l’exactitude de mon analyse longuement mûrie que je peux alors, photographier. 

Quelles sont tes principales influences ?

Les cartes postales ! Les publicités, tous ce qui est très stéréotypé qui joue sur des images arrêtées, pour vous faire croire à une autre réalité. Mais aussi, l’anthropologie, l’humain et l’adaptabilité de ce dernier aux inventions et systèmes qu’il crée. . La Corse ou plutôt une certaine « corsitude » joue un rôle primordial dans ton travail. Oui, c’est une partie intégrante de ma personnalité, ma culture, mes fondements. Evidemment, lorsque je m’amuse des stéréotypes et lorsque j’analyse sociologiquement je me tourne vers mes racines et celles de mes contemporains.Car le sentiment de corsitude pourrait très bien être le sentiment des paysans du Texas.

Selon toi, qu’elle est l’œuvre la plus emblématique de ton travail et pourquoi ?

La photo intitulée Mamo, qui veut dire « ma grand-mère ». Oui, le corse est une langue qui réfléchit quoi qu’on en pense ! Il s’agit d’un portrait de ma grand-mère dans la cave où l’on faisait la charcuterie. Il y a une véritable dichotomie mise en place dans cette photographie, entre les rituels traditionnels et la modernité.

Peux-tu nous expliquer l’œuvre “Fers à Nietzsche” présentée pour la première fois au Centre Culturel Municipal du Diamant à Ajaccio ?

La sculpture les “ Fers à Nietzsche”, fait échos à la citation du philosophe « L'avantage de la mauvaise mémoire est qu'on jouit plusieurs fois des mêmes choses pour la première fois», cette oeuvre est une réflexion sur “l’objet rituel”. Ce sont des fers servant à cuire des galettes de fromage appelées « nicci », d’où le jeu de mots. Ils sont emblématiques et culturels. Ces fers représentent à travers la nourriture toute la mémoire insulaire et la mienne en particulier. A l’intérieur se trouvait deux photographies, dont celle d’un cimetière, ce qui ironise avec la citation inscrite sur leurs extérieurs.

Arrêtons-nous sur ton travail performatif. En 2012, tu réalises une performance au Palazzu Domu, peux-tu nous expliquer son enjeu ?

La performance a été pensée pour présenter mon travail sur un jeu de cartes divinatoire, Une réinterprétation des Tarots de Marseille (les arcanes majeurs). J’ai utilisé les photos et les codes couleurs pour coller à la représentation archétypale des Tarots originels, et le processus de divination se pratique face découverte. D’une manière plus cartésienne l’image choisie pour ces couleurs et sa représentation reflète l’état d’esprit et la préoccupation du participant. Toujours selon cette représentation, on détermine si l’issue est positive ou pas, car au fond lorsqu’on pose une question on connait inconsciemment sa réponse. Le medium performatif sert ici de guide dans la compréhension des signes, et fait écho au travail de mémoire et d’analyse d’us et coutumes, qui sont sans conteste des fils rouges dans ma démarche.

Téléphones abandonnés ou déficients et la présence de différents éléments de langage sont autant de procédés qui témoignent d’une réflexion particulière sur le principe de « Communication ».

La culture corse est fondée sur l’oralité. Des œuvres littéraires, les croyances païennes, l’histoire, tout a transité par les récits oraux de générations en générations. Ma réflexion n’est autre que le constat amer de la perte d’une culture et l’évanouissement de ses fondements.

Peut-on parler d’une démarche engagée ?

Une démarche artistique, à mon sens est toujours engagée car elle engage son créateur dans les propos qu’il tient.

Quels sont tes projets ?

Je travaille sur un projet reliant le processus de mémoire orale et le procédé ancestral de vinification. Le vin étant la mémoire d’une année de travail, il devient une véritable cartographie du terroir et du millésime auquel il appartient. Il raconte la géographie, le paysage et le temps, la lumière du temps.

"La secrétaire"

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