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Les yeux ouverts sur une certaine jeunesse insulaire

La Corse d’aujourd’hui est celle qui veut se destiner à de grandes évolutions. Après l’accession au pouvoir des nationalistes, une nouvelle dynamique semble enclenchée. Cependant les jeunes, plutôt timides, restent encore dans l’ombre de leurs aînés. S’approche le temps pour eux de faire leurs preuves, eux sur qui le véritable et tangible changement repose.  Nous assistons à l’émergence d’une génération de transition. 

Cette jeunesse est celle, qui consciente de son passé et des enjeux qui vont se présenter à elle, n’arrive pas nécessairement à assumer son héritage, entre mythe et réalité. C’est une jeunesse qui d’une part ne trouve plus suffisamment sur sa terre de quoi nourrir ses horizons et de l’autre une jeunesse qui s’obstrue, se replie sur elle-même à la recherche de réponses à des questions prétendument existentielles. 

Effectivement, c’est bien la question identitaire qui la transcende. Certains vivent leur insularité de l’intérieur, d’autres de plus loin. La question qu’il s’agit de se poser dès lors, est de savoir comment construire alors qu’au sein d’un même peuple apparaît, disons-le, une jeunesse à deux vitesses, l’une ne trouvant pas dans l’autre l’écho suffisant pour converger. C’est là un bien triste constat. 

Il faut y ajouter le désespoir d’une partie de la jeunesse de voir son avenir se dessiner ailleurs, alors que son aspiration est celle d’élever des enfants sur une terre qui nous offre tant et que l’on porte en soi de façon tripale. C’est le déchirement. Deux forces contraires se confrontent ce qui semble correspondre à la définition même de l’inertie. La société corse est sclérosée.  La politique apparaît comme un unique espoir. 

Les femmes et les hommes politiques de tout bord, conscients du problème, d’une part l’ignore, d’autre part l’utilise. Il demeure traité bien superficiellement pendant que des lycéens et étudiants hurlent à la haine de la France dans les rues de nos villes. Cette colère est bien trop préoccupante, tout comme celle qui s’exprime dans les urnes avec notamment le score du Front National aux dernières présidentielles. Quand l’on tient trop à la démocratie, il semble impossible de critiquer un parti en jugeant ses idées bonnes ou mauvaises. Cependant, le parti dernièrement mentionné se trouve bien aux antipodes de la culture qu’est la notre. 

Ce sont là bien des symptômes qu’il faut traiter à la souche. 

Mais il ne faut pas en appeler qu’aux politiques. C’est une action qui doit se faire par le bas. La politique doit de nouveau appartenir, non pas à une élite, mais à tous comme le convient le sens premier et aristotélicien du terme. 

Avec tout à construire, notre petite société est propice aux relations humaines pérennes et pacifiques entre les acteurs. Rendons-nous compte de notre chance, la proximité des liens quotidiens est une chose rare dans le monde individualiste dans lequel nous vivons. 

De surcroit, nous avons tout pour construire. Certes pas de pétrole, mais bien des idées et une ressource humaine importante, avec une diaspora étendue et présente dans le monde entier qu’il faut davantage reconnaitre et sur laquelle il convient de s’appuyer. Là réside le terreau du progrès. 

L’unique chose manquante est le ciment. Ici, il faut en appeler aux politiques insulaires et nationaux mais également et surtout aux parents et enseignants, ces tuteurs vecteurs de valeurs. Si un seul problème devrait être traité, un seul et unique, c’est bien celui de l’éducation dont découle le savoir évidemment, mais surtout les façons de penser et ce qui contribue à forger une ouverture d’esprit.  Ainsi la société corse devrait être celle du débat, celle dans laquelle où par la confrontation des idées chacun puisse se forger une opinion et apporter des idées contribuant à un meilleur vivre ensemble. De cette façon, on unit. De plus, les perspectives de construction concernent et impliquent un ensemble.  Cette valeur qui est celle de l’échange constructif est tant ancrée dans notre culture mais tant délaissée par nos contemporains. 

Il serait alors aisé de croire que l’Assemblea di a Ghjuventù tend à amorcer de telles perspectives. 

Cependant, cette Assemblea serait celle de la jeunesse corse le jour on y trouvera une véritable représentation et non pas une majorité de membres ou affiliés de la Ghjuventù Independista. Il s’agit d’autant plus de contester sa légitimité au vu de la sélection de ses membres en partie faite « sur dossier ». Ne nous méprenons pas. Il faut nommer ça de l’entre-soi, où l’un conforte l’autre sur ses prétendues « idées » et sur ses doutes profonds liés à une identité propre. 

Il faut donc en finir avec cette opportunisme politique qui se sert de sa jeunesse pour placer des pions et pérenniser un pouvoir. Nous ne parlons pas d’une avancée ! Arrêtons de nous illusionner. 

Cela occulte tous les bénéfices que les corses pourraient tirer de la richesse de leur culture, de leur langue, de leur ancrage, des valeurs et de l‘ensemble des connaissances que nulle étude ne puisse apporter ou combler.

Mais ne soyons pas fatalistes. Il est l’heure pour cette génération nouvellement adulte et encore un peu adolescente, de s’appuyer sur ce qu’elle est et sur ce que les autres générations furent afin de s’affirmer.  L’action se déclenchera quand la prise de conscience sera faite, non celle de l’identité directement, mais celle des forces consistant à allier passé et progrès et dont la culture corse est le réservoir. Tout cela est déjà amorcé par la génération qui la précède, à la suivante de pousser plus loin encore le projet collectif qu’est la construction de notre pays, sur la voie de l’émancipation.  

Là réside l’unique moyen pour une jeunesse perdue aujourd’hui de se retrouver pour converger vers un futur à la hauteur de nos aspirations. 

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