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Jeanne Leboulleux-Leonardi

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Historienne et écrivain, j’ai co-créé le cabinet de coaching managérial J2-Reliance en 2005. Dans ce cadre, j’ai publié une quinzaine d’ouvrages relatifs à l’histoire d’entreprises ou de collectivités. 

Diplômée de la Sorbonne (DEA d’histoire) et du Centre d’Etude des programmes économiques (ENSAE), j’ai auparavant exercé différentes fonctions dans les domaines du marketing, du contrôle de gestion et de la stratégie, qui m’ont conduite de Paris à Nantes en passant par Lyon et Toulouse. 

Corse d’origine et de coeur, mariée à un Breton, je vis aujourd’hui en Bretagne, une terre de granit, aux personnalités bien trempées, et à l’histoire riche et longue. J’ai également un pied en Grande-Bretagne où nous développons aujourd’hui l’activité de notre cabinet. 

Site et blog : 

http://j2reliance.co.uk/fr/214-2/

http://j2-reliance.com/

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autres articles :

http://www.mediacorsica.info/rentree

- Locarn le Think Tank breton

San Lorenzo, un sauvetage pas ordinaire !

 

En mai 2007, les membres de Spered ar Vro[1], l’association d’histoire de Bodilis, une commune bretonne

dont le patrimoine historique est absolument remarquable, est réunie chez sa Présidente. Ils m’ont conviée

à la rencontre : nous fêtons la sortie d’un livre sur l’histoire de Bodilis, un gros travail collectif pour lequel je

les ai accompagnés pendant près d’un an, dans le cadre de mes activités professionnelles.

A discuter de choses et d’autres autour d’un bon verre, j’en viens à dire que je suis corse : sans le vouloir,

je viens de déclencher un processus qui mettra dix ans à aboutir… pour un sauvetage pas ordinaire.

« Tu es corse ? Tu sais que j’ai des tableaux d’un chemin de croix que j’ai récupérés en Corse il y a des

années ? ». François Moysan est l’un des membres de l’association. Il a participé activement au travail de

compilation historique et de rédaction. Mais cette fois, il n’est plus question de l’histoire de la Bretagne. C’est son histoire qu’il va me raconter et celle de ces tableaux, sauvés de la destruction il y a maintenant près de 50 ans !

C’était sans doute en juillet 1967. Jeune prêtre en formation à l’Institut de liturgie, François Moysan officie successivement dans deux paroisses parisiennes. « On m’a mis en relation avec une famille corse. Ils étaient concierges dans un immeuble à Paris. Ils m’ont proposé d’aller passer un mois en Corse à San Lorenzu, pour donner un coup de main au curé. » Pourquoi pas ? C’est une belle découverte. « Je pense que je logeais au presbytère. J’aidais. Je disais une messe par-ci par-là. J’intervenais aussi dans une autre paroisse…Une fois, je me souviens, nous avons procédé à la bénédiction d’un âne. Il attendait à la sortie de l’église de San Lorenzu. La lecture de l’entrée de Jésus à Jérusalem sur un âne suivi d’un temps de prière et nous sommes remontés vers le village avec l’âne... »

C’est au cours de ce séjour que François Moysan va sauver deux tableaux. Il a encore la scène en mémoire, comme une photo : le curé avait allumé un feu, et il était en train d’y jeter les toiles du chemin de croix. « C’était affreux ! J’en ai repéré deux qui étaient encore en bon état et j’ai demandé : est-ce que je peux les prendre ? Un jeune du village — quel âge peut-il avoir maintenant ­— en a fait autant. C’est peut-être plus la dimension artistique que la dimension religieuse qui m’y a poussé. Et puis il y avait une date, sur l’un des tableaux : 1778. »  Roulées dans la valise, les deux toiles sont parties pour la Bretagne.

Les restituer à la Corse ? Bien sûr, mais comment procéder ? Il nous faudra dix ans de contacts divers et d’échanges, notamment avec le spécialiste de la peinture corse, Michel-Edouard Nigaglioni, pour identifier l’artiste — Francesco Carli — valider l’intérêt historique des peintures et organiser un retour des œuvres dans leur commune d’origine : San Lorenzu[2]. Elles sont reparties pour la Corse le 5 août 2017.

Les deux tableaux devraient prochainement être restaurés et classés au titre des Monuments historiques. Merci à François Moysan sans qui ils auraient été irrémédiablement détruits. Et merci au hasard de cette rencontre improbable entre une Corse et un Breton qui a conduit à leur retour au pays, comme partie intégrante du patrimoine du peuple corse.

 

[1] En breton : l’esprit du Pays

[2] Francesco Carli qui a réalisé des œuvres pour plusieurs églises corses, s’était précisément installé à San Lorenzu où il a fait souche — il y compte encore des descendants. Sa maison, hélas en très mauvais état, y est toujours visible.

François Moysan

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