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L’Arabie saoudite en guerre contre le Yémen
 

Une guerre dont les informations télévisées ne parlent pas. Pourquoi vouloir détruire ce pays ? Il est au centre des guerres de religion entre deux factions Shiites et Sunnites. Une partie illustre l'intelligentsia, l'autre le combat... C'est ainsi que me définissait cette lutte de pouvoir entre deux factions de l'Islam.

Que peut-on dire de cet affrontement ?
Qu'il rend service à tous ceux qui combattent la philosophie musulmane et donc désert la croyance... 

Des soldats yéménites, fidèles aux rebelles houthis, défilent dans la capitale.

Selon l'auteur, le conflit au Yémen est devenu une guerre par procuration, avec l’objectif d’empêcher l’Iran de renforcer son influence dans la région.

Pierre Beaudet Professeur au Département de sciences sociales de l’Université du Québec en Outaouais

Depuis 2015, l’Arabie saoudite, avec l’appui des États-Unis, s’est investie au Yémen contre un régime qu’elle estime récalcitrant et trop proche de l’Iran. C’est surtout une guerre aérienne menée par des bombardements massifs contre des cibles au sol, et malheureusement contre la population yéménite. Un grand nombre d’écoles, de centres hospitaliers et d’infrastructures ont été détruits, causant dans ce pays un véritable désastre humanitaire. On estime que plus de 20 000 raids ont à ce jour causé la mort de 10 000 personnes, en grande majorité des civils. Entre-temps, 8 des 28 millions de Yéménites sont selon l’ONU victimes de la famine, qui a déjà causé la mort de plusieurs milliers de personnes, en majorité des enfants. Selon Helle Thorning-Schmidt, p.-d.g. de Save the Children, l’une des principales agences humanitaires impliquées dans ce pays, le conflit en cours prend l’allure d’une véritable « guerre contre les enfants ».

Diverses tentatives de médiation proposées par l’ONU ont visé principalement l’établissement de « corridors humanitaires » permettant l’acheminement de vivres et de biens essentiels à une population durement éprouvée. Mais les négociations achoppent sur l’offensive en cours contre le port d’Al-Hodeïda, principale porte d’entrée maritime du pays. Malgré les bombardements massifs contre cette ville qui compte 400 000 habitants, les forces coalisées par l’Arabie saoudite ont échoué à prendre le contrôle contre les forces yéménites commandées par une alliance composite de nationalistes et de rebelles houthis (une secte politico-religieuse). L’économie s’est effondrée faute d’approvisionnements. Les prix des aliments et de l’essence ont plus que doublé, alors que la majorité de la population doit lutter pour sa survie tous les jours. Les houthis, pour leur part, s’avèrent incapables de gérer la crise ni même de contrôler les soldats sous leur contrôle qui commettent eux aussi des atrocités.

Un contentieux de longue date

Depuis longtemps, le Yémen est le parent pauvre de la région du Golfe, alors que l’Arabie saoudite et d’autres pétromonarchies comme les Émirats et le Koweït regorgent des richesses tirées de la production pétrolière. Des centaines de milliers de Yéménites travaillent dans ces pays riches dans des conditions misérables. Malgré diverses tentatives de reconstruire un espace régional pour réduire les disparités, l’Arabie saoudite a maintenu le cap, bien que soient apparus dans les dernières années de nombreux signes avant-coureurs de la crise actuelle. L’explosion du mécontentement dans la région qualifiée de « printemps arabe » a contaminé le Golfe, notamment Bahreïn, où une révolte populaire a été écrasée par l’Armée saoudienne appelée de plus en plus à jouer le rôle d’un gendarme régional. Par la suite, la monarchie s’est fortement investie dans la guerre civile en Syrie pour appuyer diverses factions islamistes jugées par Riyad et Washington comme des candidats valables à la succession du régime de Bachar al-Assad. L’énorme chaos qui a suivi, avec des centaines de milliers de victimes et des millions de personnes jetées sur les routes, est le résultat de cette foire d’empoigne finalement remportée, dans la violence extrême, par le régime syrien et ses alliés russes et iraniens. C’est dans ce contexte que l’Arabie saoudite s’est jetée dans la fournaise yéménite depuis maintenant trois ans.

Des enjeux douteux

L’Arabie saoudite, avec Washington, qualifie l’espèce de gouvernement qui règne sur des parties du Yémen de menace mortelle, d’autant plus que les rebelles houthis, qui dirigent une coalition hétéroclite, sont appuyés par l’Iran. Dans le fond, le conflit au Yémen est devenu une guerre par procuration, avec l’objectif d’empêcher l’Iran (et ses alliés) de renforcer son influence dans la région. Pour Riyad, il faut absolument consolider le rôle du pays comme « gendarme régional », capable de mener des conflits de grande intensité, en concordance avec les intérêts des États-Unis dans la région. À Washington, on a pensé qu’une alliance inédite entre l’Arabie saoudite, Israël et d’autres régimes autoritaires de la région pourrait fermer le verrou, isoler l’Iran et reprendre le contrôle d’une région plongée dans un profond chaos. Mais à date, le plan n’a pas fonctionné. La situation est donc grave pour l’Arabie saoudite, aux prises d’ailleurs avec une grave crise économique découlant de la baisse des prix du pétrole, qui compte pour 90 % de ses exportations. À rebours, cette crise affecte les États-Unis, dont la puissante industrie d’armements dépend en partie des achats saoudiens d’avions supersoniques et d’autres équipements sophistiqués, qui sont à vrai dire inutilisés par l’armée saoudienne faute de personnel compétent. C’est ce qui explique l’incapacité de cette armée à vaincre quelques milliers de combattants houthis relativement peu armés, mais qui, pire encore, déstabilisent le royaume par des tirs de missiles primitifs, aggravant ainsi les désordres économiques et le sentiment de découragement qui traverse ce pays jusqu’à maintenant choyé.

Une crise menaçante

 

La dernière « affaire » entourant la disparition (et l’assassinat probable) du journaliste dissident Jamal Khashoggi dans le consulat saoudien d’Istanbul crée dans ce climat délétère beaucoup d’angoisse. Le prince héritier, Mohammed ben Salman, véritable centre du pouvoir, est sur la sellette. Dépêché de toute urgence à Riyad, le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, essaie de trouver une porte de sortie dans cette histoire qui démontre encore une fois la barbarie du système érigé par la monarchie. Tout cela n’annonce rien de bon, sinon la perpétuation de la guerre au Yémen et probablement l’aggravation des tensions dans toute la région au moment où se profile une montée des tensions entre Washington et Téhéran.

"Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent partout les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s’enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange,
Azur et Onde communient.
Je sors ! Si un rayon me blesse,
Je succomberai sur la mousse.

Qu’on patiente et qu’on s’ennuie,
C’est si simple !… Fi de ces peines !
Je veux que l’été dramatique
Me lie à son char de fortune.
Que par toi beaucoup, ô Nature,
— Ah ! moins nul et moins seul ! je meure.
Au lieu que les bergers, c’est drôle,
Meurent à peu près par le monde.

Je veux bien que les saisons m’usent.
À toi, Nature ! je me rends,
Et ma faim et toute ma soif ;
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m’illusionne ;
C’est rire aux parents qu’au soleil ;
Mais moi je ne veux rire à rien,
Et libre soit cette infortune."

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