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Jean-Pierre Rumen

Vit à Bastelicaccia

 

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     Articles :

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La bibliothèque patrimoniale d’Ajaccio était pleine ce 8 Mars à 18 H 30.

C’était la Journée de la Femme et on rendait hommage à toutes celles dont la condition demande toujours à être améliorée ou, au moins, à rejoindre celle des hommes, dans le travail comme dans l’exercice des libertés. Il y avait donc un auditoire chaleureux, attentif, dont les membres avaient bien du mal à se séparer.

On déplorait néanmoins la faiblesse de la représentation des plus jeunes : peu voire pas de moins de quarante ans.

 

La soirée, consacrée aux violences faites aux femmes, était introduite par Pierre-Paul Battesti avec son urbanité coutumière ; il cédait très vite la parole à Dominique Corticchiato, assistante sociale qui exposait avec brio et érudition les circonstances du meurtre de Vannina d’Ornano par son époux Sampiero Corso (meurtre accompagné de celui de deux jeunes suivantes de Vannina ce qui affaibli la thèse qui trouverait à Sampiero des circonstances atténuantes !…)

La conférencière, qui nous avait gratifiés il y a déjà quelque temps d’une conférence remarquée sur Marie Bonaparte, faisait ensuite un point précis et incisif sur l’état des mœurs, au demeurant peu brillant, concernant la dramatique question de la violence dont les femmes sont victimes quotidiennement.

Il se posait même la question de savoir si on ne connaissait pas une régression !

 

Thérèse Amati conseillère conjugale retraitée ensuite nous faisait toucher du doigt l’aspect concret de ces drames trop souvent tus, cachés, déniés. Elle utilisait sa connaissance profonde des situations concrètes et des possibilités légales, institutionnelles, d’intervention et des différents écueils qui ne manquent pas dans un parcours semé d’embûches pour qui demande du secours. Cet aspect était relayé par l’intervention d’une des personnes ayant bénéficié de l’aide professionnelle de Mme Amati qui livrait un récit fort émouvant, fort édifiant aussi, sur son véritable « parcours du combattant » pour sortir de l’infernale spirale des violences conjugales. Elle évoquait au passage le peu d’effet des « thérapies » proposées.

 

Au moment des question, l’assistance n’hésitait pas à « entrer dans le dur ». On rappelait que la violence n’est pas que conjugale, mais aussi sociale, plus insidieuse et on rappelait que la loi sur la maigreur des mannequins n’est toujours pas appliquée, au péril de leur vie. « Si elle l’était nous irions défiler ailleurs » ont répondu les professionnels de la mode interrogés Mme Touraine, Ministre en charge du dossier. Les femmes continueront donc à mourir « d’anorexie mentale » sans que ça émeuve leurs employeurs. Et se pose alors bien sûr la délicate question de la participation des victimes

Il fut alors rappelé que dés 1884 Engels avait affirmé, dans « L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État que la femme « était le prolétaire de l’homme » ce qui implique que la condition féminine est aussi liée à la condition prolétarienne, salariale et à ses variations.

Puis ce fut au tour d’une autre grande figure d’être convoquée : Sigmund Freud qui écrivait dans « Malaise dans la civilisation » : 

« L'homme n'est pas cet être débonnaire, au cœur assoiffé d'amour dont on nous dit qu'il se défend quand on l'attaque mais un être, au contraire qui doit porter au compte de ses données instinctives une bonne somme d'agressivité. Pour lui, par conséquent, le prochain n'est pas seulement un auxiliaire et un objet sexuel possibles mais aussi un objet de tentation. L'homme est en effet tenté de satisfaire son besoin d'agression aux dépens de son prochain, d'exploiter son travail sans dédommagements, de l'utiliser sexuellement sans son consentement, de s'approprier ses biens, de l'humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer ... 

Cette tendance à l'agression, que nous pouvons déceler en nous-même et dont nous supposons à bon droit l'existence chez autrui, constitue le facteur principal de perturbation dans nos rapports avec notre prochain ; c'est elle qui impose à la civilisation tant d'efforts. Par suite de cette hostilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine, L'intérêt du travail solidaire ne suffirait pas à la maintenir : les passions instinctives sont plus fortes que les intérêts rationnels, La civilisation doit tout mettre en œuvre pour limiter l'agressivité humaine et pour en réduire les manifestations à l'aide de réactions psychiques d'ordre éthique. De là, cette mobilisation de méthodes incitant les hommes à des identifications et à des relations d'amour inhibées quant au but; de là aussi cet idéal imposé d'aimer son prochain comme soi-même, idéal dont la justification véritable est précisément que rien n'est plus contraire à la nature humaine primitive ». (Malaise dans la civilisation 1929.).

Cette conception est évidemment en rupture avec le discours dominant qui rabat souvent les actes de violence sur la pathologie ce qui évite d’avoir à réfléchir. 

La complexité des questions soulevées faisait qu’ils étaient nombreux dans l’assistance à souhaiter poursuivre, élargir, la réflexion.

Un atelier sur ces questions peut-être ?

A suivre…

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