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Le bataillon Bratstvo, l'unité ukrainienne qui mène sabotages et attentats en territoire russe

Le danger est partout, le courage aussi. The Guardian   le 06/02/2023 

 

Quelle est la réflexion de Vladimir Poutine quand il s'en est pris ainsi à l'Ukraine et que lui on fait croire ses généraux ?

L'Ukraine une proie facile ?

On voit bien l'erreur stratégique, et comme s'emploient à dire les commentateurs : à qui profite cette attaque ? Certainement pas à l'Europe. Celle-ci a permis de voir se développer les moyens géostratégiques de l'OTAN, ce fameux "machin"...  qui sert les intérêts américains. Ceux-ci, habitués aux déficits chroniques et abyssaux, ils font tourner leurs unités de production d'armes à plein régime et profitent ainsi der créer une réindustrialisation grâce à de nouveaux armements, testés en Ukraine.

Quoi de mieux d'être ainsi dans le concret face à un ennemi identifié et ainsi testé ?

De plus les Ukrainiens sont de fins militaires, ils s'adaptent aux nouveaux armements et les pertes civiles les confortent dans leur action de guerre. Poutine aurait dû savoir cela, on peut se poser la question de cette mauvaise gestion. A-t-il été poussé par des membres de ses conseillers pour le mettre en minorité et sur qui peut-il compter aujourd'hui ? On voit autour de lui, comme du temps de Saddam Hussein des soutiens disparaître, souvent de manière brutale et très bizarre...

Que voit-on aujourd'hui ? Un groupe dont le gouvernement et les autorités militaires ukrainiennes nieront l'existence en cas de pépin. Un groupe non officiel qui, pourtant, mène des opérations parmi les plus osées de cette guerre entamée par Moscou : c'est profondément en territoire russe que le bataillon Bratstvo («fraternité» en ukrainien) va frapper, ainsi que le raconte Daniel Boffe dans le Guardian.

Daniel Boffe, qui rencontre quelques-uns des membres du bataillon Bratstvo dans un café de Kiev, décrit des hommes jeunes, dont rien ne trahit les activités de sabotage et les attentats qu'ils mènent, au péril de leur vie, du côté russe de la frontière.

Si le secret est de mise, bien que de polichinelle, c'est que la Russie a prévenu. Moscou s'arroge le droit d'envahir son voisin avec les conséquences que l'on connaît, mais le Kremlin menace en permanence du feu nucléaire quiconque attaquerait directement la mère patrie.

C'est pourtant précisément ce que fait ce très secret bataillon Bratstvo. Il porte le danger et l'insécurité loin de l'autre côté de la frontière, et mène diverses opérations de sabotage de structures logistiques importantes, d'assassinats, de kidnapping d'officiels du Kremlin voire, explique le Guardian, est chargé de descendre un hélicoptère ennemi transportant quelques pontes du régime.

C'est d'ailleurs un phénomène remarqué depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie : cette dernière, un peu partout sur son territoire, est marquée par une longue série d'«étranges» incidents. Située à quelques encablures de la frontière ukrainienne, la ville de Belgorod voit régulièrement ses dépôts de munitions ou de carburant partir en fumée.

L'Ukraine dispose de plusieurs de ces unités «grises», chargées d'aller frapper là où le pouvoir et l'armée russe se pensent en sécurité. Outre le bataillon Bratstvo, c'est aussi le cas de l'unité Shaman, qui avait en avril 2022 réussi un raid d'une extraordinaire bravoure sur Belgorod.

Kiev peut aussi compter sur son armée de l'ombre, ses partisans qui, dans les villes occupées comme ce fut le cas à Kherson, mènent des opérations de résistance et de renseignement ou commettent des attentats directement contre les forces occupantes.

Alliés secrets de l'Ukraine, ces hommes et ces femmes opèrent aussi parfois en Russie, en collaboration étroite avec le bataillon Bratstvo. Au Guardian, son membre Taras relate l'une de ses dernières missions en date, plutôt simple selon lui. «Notre groupe devait amener une certaine quantité d'explosifs en Russie et les laisser à un endroit précis. Je ne sais pas à qui c'était destiné et ce qui allait en être fait. Mais je tiens pour sûr qu'il y a en Russie des personnes qui sont prêtes à aider l'Ukraine», confie le jeune homme. 

Sabotage

D'autres missions semblent plus complexes. Il y a quelques semaines, une unité du bataillon Bratstvo, qui généralement est constituée de quatre hommes, a traversé la frontière pour abattre un hélicoptère transportant des caciques du Kremlin. Problèmes techniques et engueulades au sein du groupe, la première tentative ne fut pas la bonne. Mais la seconde, si. « Nous avons marché toute la journée », raconte le même Taras au Guardian. « Puis nous avons passé la nuit sur place et, à 9h du matin, nous avons entendu un hélicoptère. J'avais un petit drone de reconnaissance sur moi, qui m'a confirmé qu'il s'agissait bien de notre cible. »

« Nous avons tiré avec un système antiaérien, à une distance de 4 kilomètres. Malheureusement, nous n'avons pas pu voir l'impact à une telle distance, mais nous avons entendu l'explosion. Nous avons rapidement quitté nos positions, laissant le trépied qui avait servi aux missiles utilisés. Nous sommes rentrés deux fois plus vite que nous n'étions venus. »

Ces opérations –une embuscade mortelle contre un autre officiel russe est également décrite– sont un poison pour le commandement russe, assurent les hommes interrogés par le quotidien britannique. Elles instillent la peur et la méfiance, l'idée que rien n'est inatteignable par l'Ukraine, elles l'obligent à consacrer plus d'hommes à la défense du territoire et d'installations que la Russie ne le souhaiterait.

Taras explique que, grâce à leur préparation et leur entraînement sans faille, les missions du bataillon Bratstvo sont souvent moins dangereuses que les opérations quotidiennes des troupes ukrainiennes.

Les choses, pourtant, ne se passent pas toujours aussi bien. Un peu après Noël, les médias russes puis ukrainiens rapportaient que quatre «saboteurs» avaient été «liquidés» par le FSB derrière les lignes russes, dans l'oblast de Briansk.

Ils transportaient, décrivaient les dépêches russes à l'époque, des fusils mitrailleurs, de l'équipement de communication et 40 kilos d'explosifs. Des photos et vidéos terribles de leurs corps déchiquetés étaient au même moment diffusées par les réseaux russes.

Le Guardian diffuse une vidéo des quatre hommes, en train de se préparer pour ce qui sera, mais ils l'ignorent encore, leur ultime mission. « Je leur ai demandé “Comment vous sentez-vous ?” », se souvient Olexiy, l'un des hommes rencontrés par le Guardian. « Et Yuri m'a répondu : “C'est mon rêve. Je pars mener l'opération dont j'ai rêvé toute ma vie.” Tous ces gars étaient très intelligents, et très motivés. »

 

Les lecteurs occidentaux « attendent peut-être de nous que nous allions faire sauter le Kremlin, mais jusqu'ici cela n'a pas été le cas », pense encore Taras. « Mon opinion et qu'on doit toujours commencer par de petites choses avant d'aller vers des choses plus complexes. L'un de mes amis dit toujours: “Pour détruire une base militaire ennemie, il faut d'abord faire exploser la niche du chien.” »

Lors d'une récente interview donnée à ABC News, le patron du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, nommé ministre de la Défense du pays en remplacement d'Oleksii Reznikov, se mettait en scène dans son bureau avec, sur un écran innocemment placé là, une carte de Moscou.

À la fois propagandiste efficace et troll de génie, il annonçait aussi des frappes et attaques menées de plus en plus profondément en territoire russe. Alors que Moscou se couvre de défenses antiaériennes, qui sait si ce n'est pas du sol que le danger viendra ? 

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