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Patricia Citaire


Vit à Paris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Journaliste, graphiste, formatrice.

 

Autre chronique :

 

- Ecrire des chroniques

 

 

Un combat quotidien
12 mai, journée internationale de la fibromyalgie
 

Mon corps a plein d’ennemis : le vent qui donne mal au ventre, la pluie qui fait

mal aux os, le froid qui paralyse et fait souffrir, la ventilation permanente des

bureaux qui le détruit en causant des troubles neurologiques. Il y aussi le bruit

qui provoque des douleurs musculaires et des acouphènes, les vibrations qui

résonnent des heures dans le corps, qui souffre, encore. C’est sans compter le

manque de lumière qui enlève le peu d’énergie qu’il abrite.

 

Mon corps a plein d’ennemis : tous ces médicaments auxquels il est allergique,

ce qui, bien souvent, rend les médecins et les pharmaciens cons et criminels.

Il fuit aussi ces voisins de métro qui portent des parfums qui font s’étouffer,

piquent les yeux, le nez et la gorge et donnent la migraine, ainsi qu’un sale goût dans la bouche pour plusieurs heures.

 

Mon corps a plein d’ennemis : toutes ces chaussettes dont l’élastique blesse,

ces sous-vêtements, qui font mal, ces chaussures qui empêchent de marcher.

Il doit aussi se battre contre le réveil, qui, quelle que soit l’heure, vient perturber

un lever naturel et le torture au point de tituber. Et le sommeil qui ne répare pas.

 

Mon corps a plein d’ennemis, dont certains que je ne citerai pas, par pudeur. Et

ceux que je citerai, en vrac : les escaliers et les côtes ou dénivelés, les soins

dentaires, le linge à étendre, le lit à faire et l’aspirateur qui épuisent, les objets

qui s’échappent des mains, le clavier de l’ordinateur, les chaises de bureau,

celles en bois, en fer, les néons, la station debout, l’immobilité qui le raidit…

 

Mon corps a plein d’ennemis : certains médecins qui, impuissants, l’on drogué

de médicaments inutiles et dangereux pour lui. Et la Sécurité sociale qui

rembourse ces médicaments inutiles et dangereux, mais ne prend pas en charge

les soins, qu’elle qualifie « de confort », et qui pourtant soulagent un peu.

 

Mon corps a plein d’ennemis : le ministère de la Santé, qui préfèrerait, certaine-

ment, qu’il s’autodétruise totalement pour ne pas avoir à lui accorder un statut

d’handicapé et un aménagement de ses conditions de travail, voire une pension.

 

Mon corps a plein d’ennemis : certains proches ou moins proches, qui ne voyant pas ce handicap invisible, ont des réactions blessantes et violentes. Et ceux qui ne voient pas le mal à lui donner une tape amicale ou pensent qu’il exagère, qu’il suffirait d’un petit effort.

 

Mais mon corps n’est pas mon ennemi. Malgré son combat de chaque minute, il m’a permis de travailler et d’élever des enfants, de chercher moi-même des solutions pour gagner quelques batailles.

J’aimerais pouvoir le lui rendre un jour.

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