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Marcel Tijeras

Vit en Corse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

Sans doute eût-il fallu

L'entêtement de l'île

 

Pour naviguer aveugle

Vers le nommant solaire

 

Là où le poème dit la mesure

Dans l'ici des failles

 

Là où l'île nous écrit

Dans la blessure des mers.


 

 

 

L'île n'est ni veuve

Ni orpheline

Du continent

Elle est son désir

Et son humiliation.

 

Peut-être n'est-ce qu'un assaut triomphant D'érection absoute

Un apaisement où la mer vient se dire

En ses plus purs désirs

 

Peut-être n'est-ce qu'un dé cette île qui roule

Ses migrations farouches

Et que jamais n'aborde la clôture du nombre

 

Peut-être n'est-ce qu'un cil

Battant sur le doute de l'eau

Pour se déprendre de l'infini.

Toutes ces offrandes à la levée de l'île

Tu veux les porter à ceux qui viendraient

D'un futur équivoque réclamer l'héritage

Et tu trembles

Je l'ai suivie comme on entre en légende

Tant de rumeurs la couvraient

À m'enliser à m'embraser

À y fondre la mémoire et l'oubli

 

Elle m'emporte où je ne sais plus rire

Dans la seule gravité de l'agave et du don

 

Là dans ce désir d'île j'érige le mât de gravité

De mes soleils errants

Là je marche dans le mythe des cistes

Psalmodiant mes amours comme on bat le rappel

 

J'apprivoise mon pouls au tempo des bruyères

Improvisant les preuves

De l'autre versant du silence

 

 

Toutes ces offrandes à la levée de l'île

Tu veux les porter à ceux qui viendraient

D'un futur équivoque réclamer l'héritage

Et tu trembles

Entre châles et prières

La résignation des lents crépuscules portant

En terre la certitude des grands oubliés.

Ô solitude soucieuse des lunes

Dénombrant le profil des tombes

L'errance s'achève aux limans des mémoires

Et nul ne somme l'astre d'y croire.
 

Jusqu'à la haine de septembre

Où s'adoucissent la lumière et la grappe

Les clefs de la mer refermeront ton sillage.

Si je ne te savais ma femme

À ma portée dans l'ocre désir

Que faire de toutes ces îles qui me traversent

 

En un ultime effort j'étendrais sur mes pages

Vos ombres siamoises

Pour n'être qu'un souvenir tout entier fait de soif.

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