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'Project Japan’, Un Manifeste pour l’Utopie

Travail d'investigation consacré au mouvement architectural japonais d'après-guerre documente la naissance d'un urbanisme mondial.                      18.08.2021 WordsMiranda Remington​

Pour des générations d’architectes, la fin de la Seconde Guerre mondiale a ouvert une nouvelle page de l’histoire de leur discipline. Dans Project Japan: Metabolism Talks… (2011), deux des plus grands penseurs de la culture contemporaine, l’architecte Rem Koolhaas et le curateur Hans-Ulrich Obrist, ont interviewé les derniers membres du Métabolisme, premier mouvement d’avant-garde non occidental, lancé à Tokyo dans les années 1950.

Le groupe, qui bénéficie d’une visibilité internationale à l’occasion de la Conférence mondiale du design de Tokyo en 1960, était radical, et comparaît la planification urbaine à un processus biologique. Bien que nombre de leurs ambitions futuristes soient restées utopiques, leurs plans et maquettes demeurent aujourd’hui particulièrement pertinents.

 

Des villes en mouvement

Project Japan se veut un répertoire d’idées, d’études et de plans déroutants, parmi lesquels les essais « Ocean City » et « Space City » qui reflètent une société humaine considérée comme « un processus vital — un développement continu de l’atome à la nébuleuse. » Les mégastructures et les modèles concrets peuvent être « connectés » les uns aux autres, formant des paysages composés de tours en forme d’hélice. Les réseaux cellulaires s’étendent à l’infini, s’appuyant sur des terres artificielles qui maintiennent à flot un Tokyo en plein bouleversements.

Cet essai a été présenté dans le contexte des récentes évolutions du monde de l’architecture — Le Corbusier en Europe, ou les projets menés par le Japon dans la Mandchourie colonisée. Ces exemples ont stimulé la créativité des Métabolistes, qui, au lieu de traiter les bâtiments comme des objets statiques, dans leurs structures concrètes, ont mis l’accent sur les concepts d’évolution et de reproduction organique, et ce afin de s’adapter de manière flexible à un futur pensé de manière collective. Influencés par l’ancienne esthétique de l’impermanence, les Métabolistes voient la reconstruction du Japon sous l’angle du dynamisme cellulaire.

 

Organismes futurs

Pourtant, la dimension utopiste de Project Japan demeure ambiguë, et son principal contributeur, Rem Koolhaas — associé à l’Office for Metropolitan Architecture — voit sa pensée régulièrement remise en cause. Il a notamment conçu le nouveau siège de la Télévision centrale de Chine (CCTV) à Pékin et la Bourse de Shenzhen. Sa carrière l’amène pour autant aujourd’hui à être considéré comme l’un de nos plus importants théoriciens urbains, ayant su tracer les contours d’une modernisation totale. Comme il l’exprime dans ses écrits, l’espace contemporain a perdu tout sens, demeure passif face aux forces de l’économie de marché. Cependant, comme il a pu l’observer pour la première fois dans le New York des années 1970, ces nouvelles villes étaient en quelque sorte déjà théorisées dans le monde en mutation perpétuelle propre au Métabolisme.

Project Japan définit le Métabolisme comme un moment prophétique, conçu pour s’adapter à un avenir caractérisé par l’interconnection. Au-delà des propositions théoriques, des immeubles d’habitation aussi modulaires que la Nakagin Capsule Tower de Kisho Kurokawa ont été bâtis, tandis que toujours plus de projets se développent à la manière de la gare de Shinjuku, définissant la vie urbaine. Les questions posées par ces penseurs ont en réalité d’ores et déjà trouvé une réponse concrète dans les ensembles urbains actuels.                                                                                                                                                        https://pen-online.com

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