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Guillaume

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vit à Paris

 

Ses articles :

Philippe Torreton

Depuis septembre dernier, je suis membre du jury des P’tits Molières, qui s’inté-

resse aux salles non subventionnées de moins de 150 places. J’ai vu, à ce titre

, 42 pièces, tout public, humour, seul en scène, et jeune public. Et j’ai décou-

vert le plaisir addictif du premier rang des petites salles.

Les petites salles, plutôt les salles alternatives, je connaissais déjà. J’avais com-

pris que programmer, c’est une ligne éditoriale. Appris à faire confiance à certai-

nes, et là je pense en particulier au Théâtre Treize, où j’ai eu, sur le simple fait

qu’elles s’y donnaient, de très belles surprises.

Je ne me souviens pas comment j’ai su que les P’tits Molières existaient. Je retrouve mon mail de candidature,  avant… c’est obscur.

J’ai vu 42 pièces, qui ont bousculé mes assurances. Certaines ne tenaient pas leurs promesses, d’autres, au contraire, allaient bien au-delà. Leurs promesses, celles du teaser. C’est important, le teaser, quand on est une petite salle, une petite compagnie, on a le teaser, le site web et les critiques BilletReduc pour faire venir les spectateurs.

Petit théâtre, quelques dizaines de places assises, une scène souvent de plein pied. Premières fois, au troisième rang, décalé côté cour.

Un soir, Christine Farré, dans Camille Claudel, le déclic. Ses yeux ont plongé dans les miens au début de la pièce, qui s’appuyait sur qui ? Depuis, au premier rang, décentré.

Petite salle, petite scène, sans trop de profondeur.

Au premier rang, les acteurs sont là, à 2 mètres, parfois plus près. Au premier rang, je sens leur souffle. Au premier rang,  je vois le moindre pli des muscles de leur visage. Au premier rang, je vois les gouttes de transpiration se former. Au premier rang, je vois leur regard.

Au premier rang, je sens les émotions qu'ils donnent, et celles qu'ils ne donnent pas. Au premier rang, je vois les regards qui s'échangent. Au premier rang, je ressens l'aide qui monte face à l'hésitation.

Au premier rang, je sais qu'ils me voient.

Maintenant qu'il a 7 ans, quand la pièce et l'horaire s'y prêtent, j'emmène Baroudeur, il en avait marre des pièces de petits. Il est concentré, il absorbe. Les acteurs le voient, boivent sa concentration. Jouent en fonction de ce qu'il ressent. On se parle, souvent, à la fin des pièces.

Je suis allé voir Philippe Toretton jouer Cyrano, deux bonnes places, en loge de corbeille. J'étais loin, revenu dans la performance pure, la mécanique bien réglée, l'exercice de style. Figé. Mort. La vie, les émotions n'y étaient pas.

C'est addictif, le premier rang des petites salles. Mais putain, qu'est-ce que c'est bon.

Les petits Molières
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