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Ange Mathieu MEZZADRI

Interview de Ange Mathieu MEZZADRI 

auteur

Pierre-Paul Battesti : Avec Manuel d’autodéfense contre les libéraux libertaires, abandonnez-vous le roman pour revenez-vous au pamphlet ?

Ange Mathieu Mezzadri : Le mot « retour » n’est pas vraiment approprié car le pamphlet est un genre littéraire que je n’ai pas abandonné. Et j’avoue que lorsque j’évoque le milieu politique actuel l’ironie acerbe n’est jamais loin. Je ne peux pas parler autrement des gens-là qu’en les tournant en dérision ; ce qui évite en d’employer des termes trop violents. Mais, et j’y insiste, mes bêtes noires sont les politiciens professionnels, pas les hommes d’Etat qui, eux, ont mon respect.

Pierre-Paul Battesti : Si je vous entends bien, vous vous êtes fait plaisir en écrivant ce livre

Ange Mathieu Mezzadri : (sourire) l’objectif n’est pas mon plaisir personnel mais d’apporter des éléments de réflexion au lecteur sur un mode plaisant ; d’où l’humour qui, je crois, est partout présent. Etre sérieux, sans me prendre au sérieux, tout en mettant le maximum de rieurs de mon côté ; j’ai essayé de réaliser cela !

Pierre-Paul Battesti : Certaines de vos formules, en effet, m’ont fait rire

Ange Mathieu Mezzadri : J’espère que vous avez ri sans que cela nuise au bon déroulé de l’exposé et au fluide enchainement des idées ?

 

Pierre-Paul Battesti : Non, pas du tout, et c’est la grande qualité de votre livre.

Ange Mathieu Mezzadri : Ce compliment me touche d’autant plus que j’ai voulu rendre cet ouvrage aussi vivant que les cours que je faisais quand j’étais directeur d’enseignement dans ma spécialité.

Pierre-Paul Battesti : Effectivement, même si votre style n’est pas celui d’un essayiste classique, le lecteur perçoit sans ambiguïté que vous exprimez un point de vue très structuré.

Ange Mathieu Mezzadri : Ce livre s’inscrit dans le droit fil d’une réflexion que je tiens à mener à bien. Celle-ci a débuté avec La France Décapitée, republiée avec un chapitre additionnel par les éditions Maïa, s’est poursuivi avec L’Hallali, critiquant les prétendues élites, et maintenant avec ce Manuel d’autodéfense contre les libéraux libertaires.

Pierre-Paul Battesti : Qu’appelez-vous libéraux libertaires ?

Ange Mathieu Mezzadri : Je vise ceux qui allient le libéralisme économique le plus effréné, notamment dans sa version capitalistique financière, et une remise en cause forcenée des équilibres traditionnels des sociétés.

Pierre-Paul Battesti : Vous placez-vous donc du côté des conservateurs ?

Ange Mathieu Mezzadri : Non, mais je ne crois absolument en rien à ce que promeut la presse grand public ! La négation des bases traditionnelles de nos sociétés est toujours présentée par ces médias-là comme une émancipation. Mais, en réalité, il ne s’agit pas d’une authentique libération mais de casser les solidarités entre les individus liés par une appartenance commune, pour nous notre corsitude, pour que la logique du capitalisme s’instaure sans conteste et règne en maître. Nous, Corses, sommes trop souvent décriés. Or ceux qui nous accusent à longueur de temps d’archaïsme, de racisme, et j’en passe, qu’ont-ils en ligne de mire sinon, comme exprimée par une prétendue et ridicule « Madame Corse » du gouvernement actuel, que la loi littérale soit changée et qu’enfin leurs copains et affidés puissent voir nos spolier de nos terres.

Pierre-Paul Battesti : La Corse est très présente dans votre livre ; structure-t-elle votre pensée politique ?

Ange Mathieu Mezzadri : D’une certaine manière c’est une clef de voute. Comme je l’ai dit et redit sur des plateaux de télévision, la Corse est le révélateur du mal français, et celui-ci est très profond. Des deux pays, je suis convaincu que c’est bien le plus grand qui est le plus gravement malade. C’est la raison pour laquelle j’affirme qu’il ne faut pas essayer de franciser la Corse mais bien que corsifier la France !

 

Pierre-Paul Battesti : Je doute fort que vous soyez entendu sur ce point

Ange Mathieu Mezzadri : Effectivement, il n’y a aucun risque que je plaise aux « bo-bos » et aux médias de ces tristes sires affectionnent. Je m’en félicite. Néanmoins, ne confondons pas ces pekins-là avec la majorité du peuple français où nous comptons, quoi que certains en disent, de plus en plus de sympathisants à notre cause.

Pierre-Paul Battesti : Sur quoi fondez-vous ce constat que vous avancez ?

Ange Mathieu Mezzadri : Je suis médecin du travail et rencontre des centaines des personnes avec lesquelles ma spécialisation souvent m’amène à aborder des thèmes sociaux, et les gens se confient très librement car ils savent que je suis tenu au strict secret sur tout ce que j’entends. Nombre d’entre eux, souvent, sachant que je suis corse, me déclare spontanément que nous Corses avons raison de nous défendre et je sens toujours dans leurs propos une certaine tristesse qu’il n’en soit pas de même pour eux ?

Pierre-Paul Battesti : Pour vous il n’y a pas de racisme anti-corse ?

Ange Mathieu Mezzadri : J’ai lu comme vous les propos haineux et de certains crétins sur les réseaux sociaux à l’occasion de je ne sais quel match de foot, oui. Que certains détestent les Corses, oui. Mais n’oublions pas tous les autres ; et surtout pas ceux qui nous aiment vraiment, ceux que nous appelons les amis de la Corse. Ceux-là ne doivent pas être mis dans le même sac que les autres. Sinon, nous tomberons dans la piège tendu les représentants du présent système.

Pierre-Paul Battesti : Pouvez-vous préciser votre pensée ?

Ange Mathieu Mezzadri : La Corse est le révélateur du mal français, ai-je dit ; pour les Corses certes mais plus encore pour les Continentaux. Beaucoup de Français aujourd’hui constatant le déclin du pays aspirent revenir aux valeurs traditionnelles qui firent la force de la France et que nous, Corses, n’avons pas oubliées. Nous offrons un exemple à imiter et constituons un contre-exemple à ce délitement que maints médias présentent comme un progrès. Nous montrons, nous Corses, par notre détermination, qu’une autre voie est possible et qu’une autre voix revendique son droit à parole. C’est cette exemplarité potentielle que le pouvoir en place ne veut pas voir se développer ; d’où le dénigrement perpétuel de la Corse et des Corses par certains et les sanctions implacables que l’institution judiciaire actuelle réserve aux nôtres. Sciemment, cette prétendue justice libère des délinquants sexuels violeurs d’enfants au milieu de leur peine mais s’acharne à ne pas rapatrier nos compatriotes à Borgo au prétexte de leur soi-disant dangerosité ! Ce « deux poids, deux mesures » aussi odieux soit-il présente au moins l’avantage de la clarté en disant bien ce qu’il dit !

Pierre-Paul Battesti : Qu’entendez-vous par là ?

Ange Mathieu Mezzadri : Les violeurs d’enfants, par exemple, ne mettent pas en péril la suprématie de la classe possédante ; ils ne sont dangereux que pour leurs victimes. Les nationalistes corses, comme nos mais basques ou comme d’autres qui nous sont proches, rejettent une certaine forme de domination. Cette remise en cause, cette subversion au sens noble du terme, les tenants du système économicopolitique actuel ne peuvent pas accepter ; ce qui de leur point de vue leur est logique.

Pierre-Paul Battesti : Ah bon, vous trouvez !?

Ange Mathieu Mezzadri : Les dominants s’acharnent à toujours plus dominer, comme les possédants à toujours posséder davantage ; c’est ainsi ! Dans le livre d’ailleurs, je cite Marcel Gauchet écrivant que « pour l’appareil de domination, les dominés sont tous les mêmes ». Ce a quoi j’ajoute qu’«il faut être particulièrement niais pour croire que nous intéressons ceux qui prétendent nous représenter ».

Pierre-Paul Battesti : Y compris les représentants du peuple corse !?

Ange Mathieu Mezzadri : Le problème ne se pose pas de la même façon. Non pas parce que nous serions les meilleurs au monde ; mais du fait de la proximité. Nous nous connaissons tous et, en conséquence, les crapules sont chez nous assez vite démasquées. C’est la raison pour laquelle j’adhère au principe d’une démocratie fondées sur les territoires ; d’où mon désir d’autonomie pour notre ile, comme du reste pour toutes les autres régions spécifiques de France. Et enfin les pouvoirs d’un Gilles Simeoni ou d’un Jean-Guy Talamoni sont lilliputiens comparés à ceux mêmes d’un Emmanuel Macron ou pire à ceux considérables d’un Georges Soros.

 

 

Pierre-Paul Battesti : Avez-vous des projets en cours ?

Ange Mathieu Mezzadri : Oui, bien sûr. Un essai sur la république pour clore la réflexion amorcée avec La France Décapitée. J’ai en chantier un roman et mon éditeur m’a sollicité pour un recueil de nouvelles sur la Corse. Et enfin (rires) je vais tenter la ceinture noire de Karaté….

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