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Norbert Paganelli

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vit à Ajaccio, né en 1954 à Tunis, Norbert Paganelli a passé son enfance à Sartène avant de connaître les paysages d’Algérie et la région parisienne où il effectua ses études supérieures (DESS de droit public et doctorat es science politique).

Malgré une carrière de cadre supérieur de la fonction publique d’Etat, son goût pour la poésie l’a amené à signer plusieurs ouvrages : Soleil entropique (1973), Sept chants pour l’amnistie (1978) avant de s’investir pour la création en langue corse qu’il présente toujours en édition bilingue.

 

Après A Petra ferta/la Pierre blessée, A Fiara /La Flamme, Invistita/Errance et Mimoria arghjintina/Un sel d’argent, il obtient le premier prix de poésie corse à Santa Teresa di Gallura en 2009, le Prix de la création littéraire de la CTC en 2014 pour Da l’altra parti/De l’autre côté, le prix du livre corse en 2015 pour le même ouvrage et, en 2016 Canta à i sarri/Chants aux crêtes vient d’obtenir le prix Don Joseph Morellini attribué par le Conseil général de Haute Corse.

 

 

 

Politique : à la recherche de nouveaux fondamentaux

 

 

La victoire du courant nationaliste en Corse aux élections régionales, l’échec du référendum sur le maintien au sein de l’Union européenne en Grande Bretagne, la montée en puissance d’un outsider en France en la personne d’Emmanuel Macron, la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines, sont des événements apparemment éloignés les uns des autres mais qui semblent pourtant répondre à un désir de renouvellement de la sphère politique. Cette appétence pour un new style peut déboucher sur de réels changements mais peut aussi être détournée par les politiques professionnels qui savent bien qu’ils doivent tenir compte de cette nouvelle donne.

Corruption, inefficacité des moyens de lutte contre le chômage de masse, discours et comportements stéréotypés éloignés de la vie de tout un chacun, permanence d’un personnel dont on perçoit très bien que la préoccupation essentielle est de se maintenir en place ou de reconquérir une place perdue…Tout concourt, tout converge vers ce que l’on nommait durant l’entre-deux guerres : antiparlementarisme et que l’on désigne aujourd’hui par populisme. Ces deux dénominations recouvrent, en fait, une même réalité : une défiance envers le système politique que l’on juge obsolète et peu efficient.  À l’ancien clivage auquel nous étions habitués : le clivage gauche/droite, s’est substitué un nouveau clivage opposant, ce que l’on pourrait nommer : l’establishment au peuple dans son ensemble.

Cela fait un certain temps déjà que nombre de questions de société divisent les organisations partisanes et que les politiques économiques menées ne présentent, au final, que peu de différences. L’homogénéisation des pratiques, des discours et des comportements a précipité la fin de la vieille typologie. Celle-ci subsiste encore, certes, mais comme une sorte de référent permettant de se situer dans l’Histoire, elle devient presque inopérante et en tout cas illisible pour les jeunes générations dès qu’on tente de l’utiliser pour affronter les problématiques contemporaines. Dans le même temps, les partis politiques, qui avaient en grande partie alimenté l’ancienne typologie, connaissent une grave crise de légitimité interne et externe. Ainsi le choix de nombreux élus encartés au PS de soutenir la candidature D’E. Macron aux prochaines présidentielles doit-il être interprété comme une véritable implosion annonçant de probables scissions ou même une disparition pure et simple.

Face à ce diagnostic, qu’au demeurant peu de personnes ne contestent, nous assistons à des tentatives de mise en marché de nouvelles offres au sein du champ politique. Celles-ci peuvent emprunter à l’ancienne extrême droite une thématique revisitée et adaptée aux impératifs du moment (c’est le cas du Front National), prendre l’apparence d’une extrême gauche refondée surfant sur la thématique de la défiance (Front de gauche), s’appuyer sur le caractère atypique d’un leader (D. Trump, E. Macron) ou encore proposer par le verbe et la pratique un véritable dépassement de l’exercice du pouvoir tel que nous l’avons connu jusqu’à présent (Podemos).

On n’aura aucun mal à faire observer que les trois premières offres ne sont, en fait, que des tentatives plus ou moins habiles « de faire du neuf avec de l’ancien », soit parce qu’elles s’appuient sur d’anciennes structures rapidement recouvertes du vernis de la modernité, soit parce qu’elles réinvestissent le vieux champ du leadership providentiel à qui les temps incertains fournissent toujours un terreau favorable. La quatrième offre, après avoir prospéré en Grèce avant de se fracturer, s’installe en Espagne mais balbutie encore dans bien d’autres pays faute d’avoir pu trouver un modèle organisationnel lui garantissant pérennité et légitimité.

Et c’est bien là l’une des caractéristiques de la situation que nous vivons : les sociétés n’ont pas encore accouché des nouvelles formes organisées et viables de structures politiques garantissant un nouvel âge de la démocratie. Des aspirations éparses existent bien, des thématiques porteuses et convergentes sont parfaitement repérables, des initiatives louables voient bien le jour mais la synthèse supérieure transformant cet informel canevas en une force capable de s’imposer dans la durée peine à apparaître.

Il faudra probablement encore du temps, même si l’Histoire nous a habitué à ces brusques changements de braquets qui permettent parfois de faire en quelques mois ce que les années ou les décennies étaient incapables de faire.

Le problème étant que ce vide, même momentané, risque fort de permettre aux offres factices de se frayer un chemin et d’occuper ainsi l’espace laissé vacant si elles ne prennent pas, purement et simplement, le pouvoir. Dans ce cas, elles retarderont d’autant plus l’émergence de structures authentiquement novatrices qu’elles bénéficieront obligatoirement d’un état de grâce plus ou moins long suivi d’un désenchantement profond relatif à la possibilité d’un réel dépassement.

Les batailles, disait Napoléon, ne sont jamais perdues ni gagnées d’avance. Nous risquons donc de connaître, pour un temps plus ou moins long, le temps des incertitudes, des désillusions et des attentes insatisfaites sauf si l’Histoire change brusquement de braquet où décide d’emprunter des chemins détournés.

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