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TLT

 

 

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Né le 16 septembre 1912 et très bien conservé !

 

 

 

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L'art du raccourci

 

L'enfance, la tendre enfance, correspond à cet âge d'or de la communication sans ambages où l'on peut résumer les faits, les choses, les événements, à des évidences éclairées. En témoignent ces savoureux moments de honte où la prunelle de vos yeux - à qui vous narrer chaque soir un conte improbable où un prince charmant en collant viril (si, si, ça existe) décapite, sans vergogne et au mépris avéré de la SPA, le dernier dragon envoyé par une méprisable sorcière - regarde la vieille dame au visage creusé par les affres du temps et crie : "Ho, regarde Papa, la vilaine sorcière". Formule exquise amenant, en général, un mouvement collectif des passants : un premier regard vers votre enfant et son doigt indicateur, un deuxième vers la pauvre vieille qui sourit de ses deux dernières dents, faisant genre "elle est mignonne cette petite", et un nouveau regard vers vous,  sourire crispé dans une rougeur acariâtre.

Cet âge d'or est celui qui n'a d'autres frontières que la vérité, d'autres limites que l'hypocrisie, rend légitime tous les raccourcis. J'aimerais profiter de cette tribune pour oser la candeur, exploser les faux débats et en faire quelques uns, des raccourcis.

En un raccourci, les lâches attentats giclés dans nos rues et karchérisés sur nos écrans de télé avides de sensations éphémères et contradictoires, incitent à la haine, entre les peuples, entre les religions, et, finalement, nous radicalisent en nous démontrant ces autres qui se radicalisent (c'est drôle, non ?), nous invitent à résister au lieu d'exister, nous culpabilisent et nous renforcent dans des réactions primaires, sanguines. Une javélisation organisée de la cervelle pour orienter nos âmes et aiguiser nos armes. Rien de bien nouveau, cela dit.

En un raccourci, on en oublie vite, que tous ces attentats de par le monde et leurs répercussions font, comme je l'ai lu sous une forme salutaire," des victimes de toutes les couleurs au sang monochrome". On en oublie surtout que la couleur base de toutes ces guerres - qui génèrent des nuits blanches - est le noir, le noir liquide du pétrole, le noir solide du gaz de schiste, que l'on trouve aujourd'hui partout sous les pavés rougis de sang.

En un raccourci, il a bon dos le fanatisme quand les multinationales occidentales achètent à Daesh derrière les lunettes noires (elles-aussi) d'émirs légionnarisés d'honneur embourbés dans leurs régions d'horreurs et leurs clubs de foot ; quand on sait que ces mêmes pachas qui financent et arment les fanatiques ne cherchent à terme qu'à se venger d'avoir perdu des dollars (ils en manquaient sans doute) parce qu'ils ont été baladés par Bachar (voir "la stratégie des quatre mers" signée en 2009 et impliquant la Syrie, l'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie) au profit de la Russie et l'Iran.

En un raccourci, le pétrole noir et ses billets verts sont davantage responsables qu'une poignée de débiles illuminés qui offrent, aux principaux dirigeants de nations, le pouvoir de se faire croire utiles à grands coups d'opération Kleenex et de campagnes de communicants en réélections. Or le pétrole pollue dans les transports par sa combustion, le pétrole pollue et tue des animaux dans sa version sac plastifié et ses multi-emballages soi-disant hygiéniques.

En un raccourci, si on consommait le moins possible de pétrole sans rien avoir à demander à nos élus aveuglés par cette lumière vert obscur odorante (l'argent sale a une odeur), on commencerait peut-être à gagner du terrain sur la bêtise.  Si on revenait à la bouteille du laitier et au panier de légumes, pour éviter de jeter des sacs entiers d'emballages dans les mers, ce ne serait pas aussi plus écolo ?

En un raccourci donc, si on prenait des vélos et des contenants non polluants, sans pour autant se franciscabrelliser ("avang, c'était bieng"), on participerait a minima à étancher cette soif inassouvie d'un liquide noir imbuvable et, peut-être un peu aussi ,ces guerres sans fin qui tuent des innocents et forment les futurs coupables de chaque camp.

 

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