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Cynthia Fleury

 

Vit à Paris

 

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La chronique de l'Huma offerte par Cynthia Fleury

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Psychanalyste et philosophe française, enseigne la philosophie politique (en qualité de research fellow et associate professor) à l'American University of Paris 3, est également chercheur associé au Muséum national d’histoire naturelle.

A lire :

La semaine de 4 jours

 

 

 

 

« Un plaidoyer enthousiaste quant aux nouvelles perspectives, mais un questionnement plus critique aurait été souhaitable. »
 

Radiologue de métier, Philippe Bencteux a créé, avec l’appui des ingénieurs de l’École supérieure d’ingénieurs généralistes (Esigelec), un robot baptisé R-one, télémanipulateur, lui permettant d’être à l’abri des rayons X, tout en pouvant réaliser des gestes sur le patient alors même qu’il passe une radio (par exemple, pour l’introduction d’un cathéter dans les artères).

Que la médecine ait connu un grand bouleversement grâce à la découverte de l’auscultation médiate, c’est-à-dire au moyen d’un instrument placé entre le malade et le médecin, n’est pas nouveau. La création de R-one poursuit donc l’aventure, en rajoutant un étage à la fusée, celui de la protection du médecin, tout autant que du patient. Rien de vraiment nouveau non plus… mais néanmoins très souhaitable. La Médecine sans médecin ?

Le numérique au service du malade, s’interroge faussement ingénu Guy Vallancien,

car sa religion est faite, et l’exemple ci-dessus ne le contredira pas : le médecin ne

sera nullement remplacé, mais simplement aidé et de fait libéré pour des tâches

encore plus essentielles et humaines auprès de son patient. « La média-médecine,

écrit Vallancien, est issue de la combinaison de l’informatique, des sciences cogni-

tives, de la biologie, de l’imagerie médicale et de la génomique : on prédit les mala-

dies avant qu’elles n’apparaissent, les examens biologiques et la radiologie détec-

tent le mal avant que les symptômes ou l’examen clinique ne sonnent l’alerte. Ainsi,

le cancer du sein est dépisté par la mammographie alors que la femme ne palpe

aucune boule en s’examinant. […] Plus surprenant encore […] le tour de main rem-

placé par le joystick, média-chirurgie inimaginable il y a à peine vingt ans. »

Par ailleurs, Vallancien a fait cette expérience, à la fois singulière et ordinaire, d’être un médecin malade, atteint d’un cancer de la prostate. Là encore, c’est une ode à l’autre médecin, à son humanité et à sa simplicité, et surtout une ode à la confiance totale que lui prodigue Vallancien, sans nul doute la pierre de touche du soin. « Je finis par demander au médecin qui, lui, a l’expérience de milliers de malades traités : “Et si c’était vous, ou votre père ?” Il me répond ce qu’il ferait. Je le suis dans cette décision qui me convient puisqu’il l’a retenue. Il m’adresse à l’ingénieur opérateur qui va me prendre en charge. (…) Médecin, conseiller et décideur, mais pas effecteur, tel est notre avenir. »

Le texte livre un plaidoyer ultratechniciste, très enthousiaste quant aux nouvelles perspectives, souvent à juste titre, mais un questionnement plus critique et éthique aurait été souhaitable tant l’aventure de cette média-médecine ne sera pas linéaire, et que l’avènement d’un « conseiller intime éclairé par les données de la science et par l’expérience, guidant le malade, dans un rapport de confiance accru, dégagé des contingences polluantes, techniques et administratives » relève plus du défi que de l’évidence.

La médecine sans médecin ? : Le numérique au service du malade – 24 avril 2015 de Guy Vallancien  (Auteur)

L'évolution accélérée des technologies bouleverse la médecine et notre système sanitaire. Elle porte à ses dernières conséquences le changement que le stéthoscope de Laennec avait jadis engagé en forgeant un instrument qui démultiplie le pouvoir de l'observation. Nous assistons pour de bon à l'émergence de ce que Guy Vallancien propose d'appeler une "média-médecine", une médecine médiatisée par le recours aux capacités de l'ordinateur, que l'on retrouve de la génétique à la robotique chirurgicale, en passant par la télémédecine et les communautés de malades. C'est à l'analyse des transformations rendues possibles par cet outil d'une puissance incomparable que l'ouvrage est consacré. Leurs effets ne s'arrêtent pas à la seule pratique médicale. Elles permettent d'envisager une réorganisation profonde du système de santé. Contre l'antiscience actuelle, Guy Vallancien se livre à un vigoureux plaidoyer en faveur des progrès qui sont de la sorte à notre portée. Nous avons les moyens d'une médecine à la fois plus efficace et plus humaine. Sachons les saisir, argumente-t-il, au lieu de nous enfermer dans la défense de routines dépassées.

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