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Corse : les cris d’orfraie

Depuis trois semaines, des politologues faussement avertis  ou des spécialistes pontifiants nous assènent, avec assurance, leur credo : des élus nationalistes à Paris à l’Assemblée Nationale – le temple sacré-  ne serviraient à rien car ils ne siégeraient dans aucun groupe, donc seraient dépourvus de moyens et seraient privés de toute efficacité. Puis, après le premier tour, les nationalistes ayant secoué le cocotier, le chœur s’est enrichi de cris d’orfraie.

On l’affirme avec force ; des députés nationalistes corses ? Ce serait contre nature, contre-productif et l’argumentaire, très indigent, ne résiste pas trente secondes à l’analyse.

En fait, cette démarche obscure n’a qu’un but : conserver le monopole de la représentativité de la Corse, en France et ce privilège serait réservé ad vitam aeternam, aux vassaux insulaires du colonialisme ; assurant ainsi la tutelle française de la fidélité inconditionnelle et totale de l’île, sans aucune note indigène discordante.

De plus, on veut faire croire que l’audience de la Corse ne tiendrait qu’à des députés bien en cour ; occultant ainsi le fait que, historiquement, ce sont l’Etat et les gouvernements qui sont hostiles au peuple corse, à la reconnaissance de ses droits légitimes ; et ce d’autant plus qu’ils sont garantis de l’obéissance totale des  six parlementaires insulaires à leurs desiderata.

A-t-il manqué, en plus de cent ans, de grands partis nationaux avec des représentants du clanisme insulaire pour poser « la question corse » ?

A-t-on manqué de ministres, de secrétaires d’Etat, de « Monsieur Corse » ?

A-t-on manqué à Paris de « Missions d’études, d’enquêtes administratives, de projets », d’ailleurs attestés par quatre Statuts frileux et insuffisants en 40 ans ? 

Qui a permis, si ce n’est l’Etat, les attaques incessantes contre les Arrêtés Miot ?

Qui a permis la démocratie ridiculisée ? Les Barbouzes de Francia ? Le sous-développement chronique ? La déperdition de la langue corse ? La désertification d l’Intérieur de l’île, la spéculation ?

Qui n’a donné aucune suite au médiocre pouvoir normatif issu des Accords de Matignon, en ne répondant même pas aux 40 demandes formelles de la Corse ? La litanie est interminable et le Power Point ; « Corse, le désastre ; ou étaient-ils ? » est clair et explicite.

Les tenants du colonialisme et de sa perpétuation négligent la possibilité de constituer un groupe avec d’autres parlementaires, de poser des « questions écrites », de communiquer, d’expliquer, de convaincre, de relayer en direct les revendications du peuple corse, d’internationaliser notre quête démocratique de liberté, comme nous l’avons toujours fait.

Si nous avions attendu d’être élus dans les systèmes politiques insulaire ou hexagonal, mis en place par le colonisateur,  ou en serait la Corse ? Sans ses luttes de cinquante ans pour le droit, la justice ?

 

Avons-nous acquis le droit, par nos parlementaires, « des grands partis hexagonaux » de représenter la Commission des Îles de l’UE (CRPM) ou avons-nous bénéficié, de notre propre initiative,  de cette marque infinie et unanime de confiance pour faire entendre à Bruxelles, la voix des îles ou des régions défavorisées ou pénalisées ?

Avons-nous eu besoin de nos parlementaires pour renforcer nos liens avec nos voisins (Sardaigne, Baléares, Toscane …) ou nos amis plus lointains (Ecosse, Pays Basque, Catalogne etc.) ?

Avons-nous quémandé le droit d’être reconnus sur la scène internationale ? Ou bien avons-nous acquis cette notoriété par des luttes incessantes, par notre intégrité, par la qualité de la popularisation du dossier corse ?

Loin des fadaises, des inepties, le peuple corse démontre chaque jour, qu’il a compris le mécanisme colonial, qu’il veut s’affranchir de cette tutelle et qu’il a besoin, sur toutes les scènes politiques du monde, de faire connaître et partager,  sa quête de démocratie, de justice, son adhésion totale aux principes de l’humanisme. Oui nous avons une soif inextinguible de liberté, de reconnaissance et de dignité !

La prochaine étape est l’Autonomie interne dans le cadre de la République Française et naturellement dans l’Union Européenne.

Le processus d’émancipation nationale, irréversible, est en marche.

Dr Edmond Simeoni

 Lozzi, le 13 juin 2017

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