MEDIA CORSICA
Liliane Vittori
Vit à Erbalunga et à Porri di Casinca, journaliste
Née à Bastia, je suis journaliste (télévision et presse écrite). Corse avant toute autre définition, j’ai beaucoup voyagé mais mon village reste le port d’attache et la réponse à toute question existentielle. Parce que chaque été, à Porri-di-Casinca, nous reformons le grand cercle de famille, dans cette île notre « Matre universale ».
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Parc Galea : le Dr Rand Hindi programme nos robots intelligents en langage naturel.
De San Francisco au Conseil National du Numérique et au board de sa start up Snips, le Dr Rand Hindi promène une allure de rock star et des convictions humanistes quasiment altermondialistes. "L’Intelligence artificielle doit être un support pour l’humain et non pas son maître » affirme cet universitaire généreux et génial qui bataille pour la protections des données privées confidentielles.
Dr Rand Hindi super cerveau de l'intelligence artificielle , invité du Parc Galea (Hte-Corse) le 11 juin. Selon le magazine Forbes, Rand Hindi (doctorat en bio-informatique) est « l’un des 30 jeunes chefs d’entreprise les plus influents de la planète ». Après être passé par la Singularity University du transhumaniste Ray Kurzweil, Rand Hindi co fonde et dirige Snips une start up dont le but est « d’intégrer une couche d’intelligence artificielle dans tous les objets connectés ». C’est à dire d’imaginer comment l’intelligence artificielle va moduler et gérer notre environnement qui sera encore plus connecté, plus réactif, plus personnalisé et encore plus intrusif et intuitif. C’est à dire, toute la gamme des ordinateurs et smartphones plus les assistants personnels de vie lié à la santé et aux performances, plus toutes les applications, les robots domestiques, les univers domotiques, les transports etc…De San Francisco à New York, du Conseil National du Numérique au board de la direction de sa start up de 50 salariés : Rand Hindi promène une allure de rock star et des convictions humanistes quasiment altermondialistes. Il sait écouter et s’inspirer (peut-être ?) des inquiétudes de ses contradicteurs désemparés par le monde du futur qui s’avance… « L’IA devrait être un support pour l’humain, et non pas son maître » affirme R. Hindi qui ne se comporte pas en froid théoricien des algorithmes mais en universitaire généreux et pratique, capable de « mettre aussi les mains dans le cambouis » comme l’a présenté Fabrice Genouillère initiateur hyper créatif et passionné de ces conférences extraordinaires du Parc Galea.
L’intelligence artificielle peut-elle solutionner les problèmes de notre vie quotidienne, individuelle et collective ? L’intelligence artificielle, à la croisées des sciences cognitives et informatiques, analyse des problèmes à forte complexité logique et algorithmique. L’évolution ? Certains expert dont le PDG Sundar Pichai (Google I/O) affirment que le recours à l’IA - notamment l’apprentissage machine - sera aussi vital que le développement de l’informatique mobile : « l’informatique évolue à nouveau. Nous passons du mobile first à l'AI-first. Dans un monde d'IA, nous pensons à tous nos produits. Nous construisons des centres de données pensés pour l'IA. Nous sommes axés sur l'application de l'IA pour résoudre les problèmes. » L’intelligence artificielle peut-elle solutionner les problèmes de notre vie quotidienne, individuelle et collective ? Depuis la brosse à dents connectée jusqu’à l’arrosage du potager personnel ? Depuis le robot de compagnie jusqu’ aux algorithmes d’infos omnipotents déjà en service sur Twitter et Facebook ? Rand Hindi précise : « nous avons travaillé sur des prédictions de trafic dans les transports en commun, d’accidents de voiture et même de criminalité. Il y a un an, nous nous sommes projetés un peu plus loin et avons essayé d’imaginer ce que serait notre monde dans 10 ans avec 100 milliards d’objets connectés. Nous avons réalisé que cela n’allait pas être simple du tout car la façon dont nous utilisons la technologie aujourd’hui est très manuelle et intrusive. On est assailli de notifications push. Quand vous allumez votre téléphone vous avez de nombreuses choses à faire et beaucoup d’applications à l lancer. » La Corse, île-montagne, pourrait-elle devenir un sujet d’étude performant pour les logiciels de l’IA ? A condition que ces programmes soient au service de l'île et non l'inverse. Alors oui incontestablement, si l’on considère que l'insularité et l'écosystème exceptionnel de la Corse, pourraient être scrutés, modélises, "algorithmes" pour en extraire des données exploitables par les services publics en faveur des administrés.
Ces big data pourraient-ils être extraits pour favoriser la recherche, l’innovation à l’échelle d’une île, l’agriculture, le bien-être de la population, les grands projets de développement, la ressource en eau, les infrastructures ? L’IA et ses experts, pourrait-elle indiquer les vrais défis du futur pour la Corse ?
PARC GALEA : "MAKING TECHNOLOGY DISAPPEAR"
Le Dr Rand Hindi super cerveau de l'intelligence artificielle ( IA) est annoncé au Parc Galea (Hte-Corse) dimanche 11 juin à 15h à l'invitation du directeur Fabrice Fenouillère.
Pour quelques heures en Corse, entre l’avion de 11h15 et celui de 18h45, Rand Hindi a charmé un public scotché et capable d’entendre, avec plaisir, des rudes notions comme le codage, le chiffrement, la surveillance de masse, le« learning machine » et même le « deep learning » ! Un quinquennat crucial pour pour l'Europe et la « Privacy by Design ». En deux mots la stratégie d’entreprise de Rand Hindi est à la fois politique et scientifique et son atout maître est le « langage naturel », avec lequel on s’adresse aux machines, qui seront à notre service ( et dans le meilleur des mondes pas l’inverse ). Basé sur la communication et le langage, le pitch de R. Hindi et de Snips arrive en coopération mais aussi en contre-programmation et protection, face aux excès des Gafas (Google, Apple, Facebook, Amazon). Des sites, des systèmes puissants, des produits conçus pour tous les pays de la planète, mais sans le respect des données de la vie privée des internautes et de leurs objets connectés. Alors, ce qui n’a jamais été la priorité des multinationales américaines, est devenu le fer de lance des start up européennes bien décidées à batailler sur le terrain politique de la protection des données confidentielles.
Rand Hindi qui a évoqué un quinquennat crucial propose la « Privacy by Design », c’est à dire la confidentialité inclue dès la conception d’un logiciel. Plus audacieux encore, R. Hindi suggère ne configuration qui implique aussi que les géants tels que Google soient un jour obligés de nous dévoiler, de nous indiquer avec clarté, les algorithmes qu’ils utilisent ou qu’ils envisagent d’implementer, pour suivre pas à pas, et mot à mot, les évolutions des internautes. Et ce afin de tenter de les emprisonner dans un labyrinthe, un véritable carcan commercial et sociétal. R. Hindi propose aussi la notion attractive de la disparition de la technologie via le « Making Technology Disappear ». Il se situe en phase avec la philosophie de Qwant (Pdg Eric Léandri). Un petit moteur de recherche qui est la plus grosse start up européenne et annonce des bureaux plus conséquents à Ajaccio et Bastia.
r-hindi-conferenceSnips la société de Rand Hindi milite pour une éthique de la vie connectée qui ne soit pas un esclavage. D’autant que l’accélération des NTIC est phénoménale depuis les années 1990 unplugged, suivie en 1995 fr de la généralisation du réseau internet commercial , de la « révolution des mobiles » à l’intelligence articificielle devenue omniprésente. Je dirais même que certains parmi nous ( nés autour des années 1950), ont connu (dans le cours d’une même existence) : d’abord le petit écran de télévision en N&Blanc, suivi ensuite en 1994 d’un Rapport de P Nora intitulé "L’Informatisation de la société". Puis est arrivé le Minitel ( qui avait beaucoup en 1988 intrigué Steve Jobs), puis l’ordinateur personnel en 90 ( les premiers Lisa de Apple). Soit pour tous ces assistants personnels une généralisation sur à peine 25 années ! Faut-il se méfier de l’informatique et de l’IA? Oui en non, elle pourrait être « hostile » selon les scénarii glauque des romans de sci fi mais elle peut aussi être imaginée et pilotée par des concepteurs humains en faveur de sociétés démocratiques. La machine; a affirmé R. Hindi, est incapable d’imaginer, d’accéder intellectuellement, de découvrir seule, le contexte de référence dans lequel elle évolue… sauf si elle est programmée pour cela. R. Hindi : « La grande problématique inhérente à ce type d’outil demeure la confidentialité et la protection des données personnelles. Ces dernières sont absolument indissociables de l’idée même d’assistant intelligent. Pour être efficace, ces objets nécessitent un maximum d’accès à nos données: messages, e-mails, discussions, géolocalisation, etc. Snips a vocation à garantir le respect de la vie privée dès la conception (“privacy by design”) des algorithmes et des produits. C’est-à-dire que les données analysées le seront directement sur le téléphone, Snips n’y aura donc jamais accès… Et les éventuels pirates non plus. Ces questions sont primordiales et je ne pense pas que le prochain Google émergera sans avoir de réponses à cela. ». Autre piste explorée par Snips : la possibilité de conserver les données personnelles archivées et algorithmées, à l’intérieur de l’objet connecté et non pas sur un cloud (sauf crypté) ou sur un serveur externe. Ce qui va rassurer les consommateurs et les encourager à s’entourer sans risque de robots domestiques et d’assistants personnels.